[Background] Drakvenn

L'enfant

"C'est un daeva. Il est grand et fort, ses longs cheveux blancs sont soulevés par la vitesse, et il tient entre ses bras une autre daeva...
Elle pleure. Son ventre est énorme et secoué de spasmes. Le guerrier est épuisé, il ne peut plus voler et cours de moins en moins vite...
Loin derrière eux, on aperçoit la forteresse d'Astéria et, de plus en plus proche, une horde de balaurs à leur poursuite.
Par un bond désespéré le fugitif se jette derrière un rocher et c'est là que, dans un dernier effort, notre mère t'as mis au monde."


- Lynna...

- Chut, Drakie ne pleure pas. Laisse-moi finir... Je t'ai dit que père était un templier, tu te souviens ? Il a donné trois grand coups dans la roche, et m'a fait entrer avec toi dans le trou, puis maman a mis avec nous son esprit de terre...


Ma soeur a du mal à respirer, elle est si faible que je l'entend à peine.


- Ils ont fonçé sur les balaurs pour les détourner de nous. J'ai entendu de nombreux monstres hurler d'agonie, mais nos parents n'ont pas crié quand ils les ont... -elle sanglote à présent, mais on voit de la fierté dans ses yeux. Elle s'interrompt.- Drakie, nous ne devons pas pleurer ! Nous devons rester dignes de ceux à qui nous devons deux fois la vie ! Drakvenn Lerdall, je veux que tu me promette de ne pas pleurer quand je serais...

- Calme-toi Lynna... -devant son regard éploré, j'abdique- Je ne pleurerai pas, c'est promis.


Lynna Lerdall, fille de Faric et Ordania Lerdall, est morte d'une piqûre de scolopen dix ans et deux jours après eux, dix ans et deux jours après ma naissance...
Respectant sa promesse et suivant l'éducation stricte qu'elle m'avait donnée, je ne la pleurais pas. Je l'enterrai rapidement, et retournai m'entraîner à la pratique de la magie.

Comme elle m'avait ordonné de le faire, je vécus seul et m'entraînais dans le désert d'Eltnen à la magie et au combat. Le jour de mes 19 ans, je me présentai au centurion du Rameau d'Or, et je fis mon ascension exactement un an plus tard.



- Derrière toi !

Je me retournai, transperçant le krall qui m'aurait décapité sans cet avertissement.

- Merci Gal.

Galdor et moi étions dans le même commando quand le haut commandement nous avait envoyé au Quartier Général Kaidan, et nous étions vite devenus une équipe très efficace : lui le rôdeur et moi l'assassin formions une combinaison parfaite pour les frappes chirurgicales en milieu hostile, car nous étions discrets et pouvions détaler en vitesse avec notre équipement léger.
Mais plus que ça, nous étions les meilleurs amis du monde car il était la seule personne à pouvoir me faire vraiment oublier ma haine des balaurs et de leurs alliés.
Nous partagions les malheurs comme les joies, ce fut une période très heureuse de ma vie.
Mais comme toute chose, cela ne dura pas.
Il fut perdu lors de notre assaut dans la base de la légion d'Indratu. Ce fut un sanglant échec à cause d'un commandant incompétent qui avait voulu attaquer de front et sans prévoir assez de soigneurs. Les drakans qui l'avaient capturé l'enterrèrent vif pour l'empêcher de revenir à un kisk, et nous envoyèrent avec dédain une de de ses boucles d'oreilles, comme ils l'avaient fait pour les 17 daevas qu'ils avaient capturé vivants.



Je restai incapable de bouger pendant deux semaines à la suite des blessures infligées par l'escouade de drakans sur laquelle je m'étais jeté seul et que j'avais exterminé, puis je fut enfermé trois mois au cachot pour aggression sur un officier supérieur après avoir cassé les deux jambes du commandant responsable de ce désastre. Cet idiot d'Alisdair est d'ailleurs toujours centurion à Verteron...

Depuis, quoi que je fasse, chacune de mes pensées dérive vers les balaurs. Fouillant dans mes souvenirs communs avec Galdor, je décidai d'entrer comme il l'avait fait dans cette légion suspectée de se rapprocher des asmodiens et prit contact avec un dénommé Kris Eidan. Si les asmodiens et les élyséens cessent de s'affronter, alors nous pourrons exterminer les balaurs.

Ils m'ont tout pris, et moi je vais tous les tuer.

Drakvenn était assis sur une dune du désert d'Eltnen, regardant le soleil se lever derrière le camp du Rameau d'Or. Il avait marché toute la nuit dans les sables de son enfance... du moins c'est ce qu'il croyait qu'ils étaient.

Castor... comment a-t-il pu me mentir toute ces années ?
Mais bien qu'il s'interrogeât à voix haute, il connaissait déjà la réponse...
Il a peur de moi... et je ne peux pas lui donner tort.

L'assassin se leva maintenant sûr de lui, la rage noircissant ses yeux, ses cheveux et ses ailes.
Il allait à Pandaemonium rendre une petite visite à Vidar, puisqu'il semblait qu'il le connaissait très bien... Drakvenn ne savait pas ce qu'il allait lui dire mais il savait, si Castor avait dit vrai, ce qu'il ferait au gouverneur...

Vidar n'était pas à Pandaemonium, mais avait laissé des gardes qui faiilirent tuer Drak. Il le traqua alors, et le retrouva à la forteresse de Kysis. Profitant de ce qu'il sortait sans escorte, il lui rentra dedans en piqué et le plaqua au sol derrière les rochers.

Vidar : Qui êtes-vous, qu'est-ce que vous voulez ? A la garde ! Son cri fut étouffé par la main de son agresseur

Drak: *dissimulant sa colère* Allons mon cher Vidar, un ami m'a dit que vous me connaissiez bien, très bien même !

Le gouverneur se tourna vers Drakvenn, et en un instant ses pupilles se dilatèrent de terreur. Il bégayait.

Vidar : M...mais c'est.. impossible ! T-tu devrais être mort ! Je...

Drak : *agacé* Qu'est-ce que vous dites ? Pourquoi devrais-je être mort ?

Vidar : Ha..hahaha c'est vrai.... tu a oublié ! Hahahahahahaaaaaaargh !

Son ravisseur venait de lui planter sa dague dans la main.

Drak : Tu vas parler vermine ? Je veux tout savoir ! Pourquoi je suis censé être mort, pourquoi on a manipulé mes souvenirs... et surtout qui suis-je nom d'un chien !

Le gouverneur ne riait plus, calmé par la dague.

Drak : Je sais que si je te tue ici, tu restera mort pour de bon... réponds bien à mes questions et tu vivras.

Vidar : D-d'accord...

Et ainsi Vidar raconta tout.

pas mal drak ^^

(merci ^^)

Voici à peu près ce que Vidar raconta, abstraction faite de ses bégaiements, de ses hésitations, et des nombreuses interruptions de Drakvenn qui demandait des détails :

"Tu es né au début de la guerre du millénium, de parents humains dont tout le monde a oublié le prénom. Je peux juste te dire que tu t'appelles Drakvenn Ish'Tari. Tu es le quatorzième humain à être devenu un daeva, peu après l'envoi par Aion des Seigneurs Empyréens. Tu avais cinq ans.

Ta précocité n'était pas un bon facteur: tes flux d'ether te destinaient à développer le combat rapproché, mais ton corps trop faible t'en rendait incapable. Pour cette raison les daevas plus âgés te poussèrent à devenir un spiritualiste.

Devenu plus vieux, tu te rendit compte que ta protection avait un coût: tu était d'une inefficacité notoire sur le champ de bataille, tu handicapais même tes compagnons qui devaient te protéger. Cette voie n'était pas la tienne, et tu sombra en quelques décennies dans une profonde dépression que personne ne prit au sérieux à cause de ton apparence enfantine. C'est à cette époque que nous nous sommes rencontrés...

Malgré la bénédiction d'Aion, les daevas devaient toujours se mettre à plusieurs pour vaincre n'importe quel balaur. Cette race est physiquement très puissante...
Nous étions plusieurs parmi les plus jeunes daevas à vouloir plus. Plus de force, plus de résistance... nous rêvions d'écraser les balaurs et nous pensions avoir trouvé comment : nous voulions insuffler dans le corps de chaque guerrier un flux éthéré concentré, qui décuplerait ses pouvoirs.

Cependant il nous fallait un volontaire pour tester le procédé, et nous avons trouvé pour cela quelqu'un qui n'avait plus rien à perdre: toi. Mais rien ne s'est passé comme prévu..."

"Lorsque nous avons commencé l'expérience, dans un laboratoire clandestin à l'écart de toute ville, tu souffrais atrocement mais rien d'imprévu ne se passait.
Ensuite tout a commencé à devenir inquiétant : en quelques secondes ton corps est devenu incandescent, puis tu t'es mis à trembler violemment en détruisant tes attaches. Et tu t'es mis à grandir... tu prenais des traits d'adulte.

Cependant tu brillais de plus en plus et une chaleur de plus en plus intense se dégageait de toi. Pour ne pas brûler, nous avons dû évacuer le bâtiment et nous avons bien fait: quelques minutes plus tard, tout a explosé.

Il ne restait rien, tout avait été pulvérisé... sauf toi. Nous t'avons retrouvé au centre du cratère formé par l'explosion: tu étais inconscient, et tu avais acquis ces traits adultes qui sont maintenant les tiens. L'opération en elle-même était une réussite, mais nous ne voulions rien révéler en raison de sa dangerosité et aussi parce que les Seigneurs Empyréens nous auraient châtiés s'ils l'avaient découvert. Mais tu n'a pas voulu nous écouter...

Toi et ton foutu respect des ordres ! Dès que tu a appris l'illégalité de la chose, tu a décidé de contacter Dame Siel pour tout lui révéler !
Mais nous ne t'avons pas laissé faire... tu était devenu puissant, mais tu ne maîtrisait pas la voie qu'on t'avait attribué et nous t'avons maîtrisé rapidement. Ensuite nous avons utilisé des méthodes simples mais efficaces.

Nous t'avons gardé dans une cellule sans fenêtres ni lumière pendant trois siècles en bombardant ton crâne d'ondes éthérées tous les jours, jusqu'à ce que tu aie oublié jusqu'à ton nom..."

"Nous t'avons transformé en un serviteur docile, et nous avons décidé de t'utiliser pour ce que tu faisait le mieux : combattre. Nous t'avons donc dirigé vers ce qui était ta véritable vocation depuis le début : la voie de l'assassin.
Nous t'avons entraîné à fond, et tu devins enfin un véritable guerrier, qui obéissait à nos ordres et réussissait toutes les missions auxquelles on l'assignait.

Cependant la guerre prit fin brutalement. J'ai appris après coup que tu t'étais retrouvé à Elyséa avec une partie de mes associés. La guerre finie, tu n'étais plus d'aucune utilité, mais ils voulaient garder la preuve vivante de leur réussite... ils effacèrent donc une nouvelle fois ta mémoire, cette fois avec plus de doigté : ils te firent oublier ton passé, mais pas ton nom ni l'art du combat... et ils t'en ont créé un nouveau.

Ils t'ont abandonné dans le désert d'Eltnen et... tu connais la suite.
Je suis juste déçu que les assassins que je t'ai envoyés aient manifestement tous échoué..."

"N-non, c'est... c'est impossible ! Mes parents, les balaurs... ma soeur... tout est... faux ?"

Drakvenn était figé, le regard perdu au loin et les larmes aux yeux. Toute sa vie, il avait donc basé ses motivations sur un mensonge ? Savoir que ses parents qu'il admirait et sa soeur qu'il avait pleuré sur son lit de mort n'avaient jamais existé, que sa haine des balaurs n'avait finalement aucun fondement réel, qu'il n'était depuis plus de mille ans qu'un cobaye manipulé, le plongeait dans le désespoir... et la colère, une colère telle qu'il n'en avait jamais ressenti auparavant.

Drak : V... vous avez manipulé mon corps en profitant de ma détresse, puis vous m'avez forcé à vous servir comme un chien pendant des siècles, avant de m'abandonner en changeant mes souvenirs comme cela vous arrangeait... vous êtes des monstres !

Drakvenn était dans un état de fureur incontrôlable, et criait à présent.

Vidar : T...tu était volontaire.

Drak : Qui d'autre ? Qui d'autre a participé à ça ?

Il tournait la dague dans la main de Vidar, lui arrachant des cris de douleur.

Vidar : Par pitié arrêtez ! J-je vous jure qu'ils sont tous morts ! Je suis le seul survivant ! Ne me tuez pas... je reviendrai à l'obélisque de la forteresse de toute manière...

Drak : Je sais, mais mourir fait mal et... ça me soulage.

Un sourire figé sur les lèvres, les larmes aux yeux, il égorgea brutalement le gouverneur.

Drak : En attendant de te tuer pour de bon.

"Tuez-le !"

Alertée par le bruit, une escouade d'asmodiens gardant la forteresse convergeait vers l'assassin. Il dégaina ses épées et leur fonça dessus en hurlant...