[Background] Alenwë

Une nuit de nouvelle lune... L'obscurité régnait une fois de plus sur les montagnes de Beluslan. La neige d'albâtre semblait bien sombre. Notre maison située sur un promontoire, surplombait un champ enneigé dans lequel se trouvait un petit village en aval. Nous avions notre tranquillité. Comme à mon habitude, j'aimais aller me promener avec mon père, Altherion, qui me montrait la faune nocturne des hauts sommets. Il répétait toujours que ce n'était que dès que la nuit était tombée que les Taygas hivernaux avaient le pelage le plus resplendissant. Bien évidemment, ma mère n'appréciait pas vraiment ces virées, mais avait fini par s'y habituer. De plus, je n'avais que 9 ans à l'époque... Alors que nous aventurâmes dans les bois toujours plus profonds et sombres, nous aperçûmes un magnifique Tayga avec ses deux petits près de son terrier. Attendris par un tel spectacle, mon père et moi restâmes dans la neige et le froid pour les observer.

Les minutes passèrent, puis il y eut un immense fracas, un bruit sourd, résonnant dans l'air et la terre. Un grondement pour le moins inquiétant. Sec et semblant faire tomber les fondations du monde. Altherion se leva subitement, saisit ma main et prit le chemin en direction de la maison. J'eus vraiment l'impression d'être un fagot de céréales transbahuté derrière un Brax. De plus, ce même trajet que nous faisions en une vingtaine de minutes devait sans doute avoir été raccourci à cinq minutes maximum. Une fois arrivés à la maison, un spectacle inattendu me resta en mémoire, jusqu'à la mort, cela me hantera sans doute...

Depuis que la Tour d'Eternité avait été détruite, des débris flottaient dans le flux d'éther au-dessus de certaines zones d'Asmodée. Et un de ces débris gonflé d'éther s'était écrasé sur notre maison...

Mon père, affolé, fonça vers les gravats, essayant d'en dégager le maximum et appelait constamment "Edraë! EDRAË!!". Ses cris, noyés de désespoir et de détresse, me glaçait le sang. Ils étaient tout deux humains, la mort pouvait les guetter à chaque instant... Tout à coup, il se figea et je m'approchai, triste sans vraiment comprendre ce qui se passait. Dès que je vis la main inanimée de ma mère, imbibée de son sang, se dégageant de dessous un immense bloc de pierre difforme, je ne pus retenir mes larmes. Tandis que mon paternel, choqué et noyé dans son propre chagrin, demeurait silencieux, il me prit dans ses bras, me serrant si fort, que mon corps frêle aurait pu craquer de partout.

-Père, vous me faites mal... Arrêtez.

Cependant, il lui fallut bien quelques instants pour desserrer son étreinte et s'excuser. Alors que son visage faisait face au mien, je voyais dans son regard, embué de larmes, que quelque chose s'était brisé à tout jamais. Il n'y avait plus cette étincelle de joie qu'il possédait lorsqu'il m'annonçait que nous allions regarder les Taygas... Plus la même lueur que lorsque nous allions faire des Daevas de neige à côté de notre demeure... Ce n'était plus le même.

Soudain, d'autres bruits sourds et similaires se firent entendre à répétition. Il finit par se relever et marcha d'un pas lourd en direction de la falaise, et regarda le lointain. Le plateau enneigé était dévasté par des immenses pics de glace et par des débris de plate-formes flottantes. Le village d'Orius et le val inoréen n'étaient plus que des souvenirs... Nommés par la suite « La vallée des âmes gelées » en hommage à cette catastrophe.

Après avoir gravé un rocher plat à côté du lieu du drame en l'honneur de ma mère et avoir récupéré quelques habits chauds ayant miraculeusement survécus, nous prîmes la route en direction du village à la recherche de survivants et de vivres. Mieux valait se retirer par la suite à la Caverne de la Toison rouge. Nous y serons en sécurité...


~~


Deux jours se sont écoulés depuis le drame, cependant le chagrin se lisait toujours sur nos traits. Personne... Aucun survivant dans le village d'Orius, seul un Trico caché dans une écurie ne s'en sortit qu'avec une entorse à la patte avant droite. Malheureusement, la faim guettait nos deux estomacs et le Trico est un véritable trésor de protéines. Il aura survécu pour rien... Tant pis !

Ayant rassemblé des vivres pour tout le voyage jusqu'à la Caverne, entassés dans des sacs à dos, nous décidâmes de sortir d'une des maisons qui nous avait servi de refuge. L'air vicié par l'odeur des chairs qui pourrissaient, écrasées par les débris devenait tout bonnement insupportable. Et pourtant... Il aurait mieux fallu partir plus tôt... Qui dit butin, dit pillards...

Alors que nos pieds passèrent le porche de la maison, une dizaine d'humains flânaient, armés jusqu'aux dents.

-Des pillards... (il se tourna vers moi) Reste là et cache-toi sous le lit, chuchota-t-il.

-Mais, Père...

-Pas de « mais » ! Ne discute pas !

Sa voix, d'habitude agréable et apaisante, résonnait comme une reproche cinglante et tranchante. Je ne pus répliquer et suivit son ordre, me cachant sous le lit, la mine basse. Dès que je pus m'enfiler dans ma cachette, la porte vola en éclats sous le coup de pied d'un des brigands. Altherion se retourna et ne put sortir un mot de plus... Le pillard l'embrocha avec son estramaçon en plein dans l'abdomen. Du sang gicla juste devant moi et je ne pus réprimer un « NON » d'horreur, dévoilant ma cachette. L'assassin put saisir mon bras, me traîna, puis me souleva dans les airs, tandis que je me débattais, donnant des coups de pieds dans le vide avec la force du désespoir. Mes cordes vocales auraient pu se déchirer tellement je criais. Hors de question de mourir ! Hors de question de rejoindre l'éther !!

Une chance... Mes cris n'avaient pas été totalement vains...

~~


Soudain, le bruit des armures qui s'entrechoquaient résonna dans les alentours. Les yeux des pillards fusèrent vers la rue centrale du village. Une troupe de soldats avaient investi les lieux. L'un d'entre eux, possédant une armure dorée et était le seul à ne pas posséder un heaume, chargea le pillard, qui me maltraitait et l'embrocha sauvagement. Du sang éclaboussa son armure, lui donnant des airs de chevalier sauveur, éclaboussa aussi mon visage et la pièce. Son étreinte s'étant relâchée subitement, je rampai sur le sol, voulant me réfugier près de mon père, qui, par miracle, respirait encore. Mes petites mains s'agrippaient à son bras droit et le secouaient de toute leur force.

-Père ! Père ! Ne vous endormez pas !! Nous devons terminer notre voyage !

-Dé...Désolé... Petite lune... J'aurais... voulu... rester.

Les larmes coulaient sur mes joues, tandis qu'il essayait péniblement de lever le bras vers mon visage. Et lorsque je vis la plaie béante dans son abdomen, mon seul réflexe fut de calmer l'hémorragie en appuyant dessus. Il restait une chance... Une infime chance qu'il survive ! Et je devais la saisir !

Sa main en plein mouvement se stoppa nette, trembla un instant et retomba sur le sol, inanimée, tandis que son regard se vida de toute vie.
Bien que je comprimais de toutes mes forces la plaie, le sang continuait de couler, un torrent écarlate... Avec acharnement, j'appuyais toujours plus et répétait à haute voix :

-Non ! NON ! Ne me laisse pas seule !!! PEREEE !

Tout à coup, des mains glissèrent sous mes aisselles et me soulevèrent du sol, alors que je me débattais en pleurant, les yeux rivés sur le cadavre de mon paternel.

-LAISSEZ-MOI ! JE PEUX LE SAUVER !, m'époumonais-je.

-ARRÊTE DE FAIRE L'ENFANT ! IL EST MORT!!!, hurla-t-il d'une voix tonitruante et ferme.

« Mort »... Ce mot résonna dans ma tête. Ainsi donc... ils étaient tout deux... morts ? Mes cris et mes sanglots se stoppèrent net, puis ma tête pivota, fixant du regard le soldat à l'armure dorée. Voyant que je semblais pour le moins calmée après cette montée de voix qui m'avait remise à l'ordre, il me posa à terre. Tétanisée, le regard vitreux, vide de la lueur enfantine et innocente que possédait les enfants de mon âge, couverte de sang, je sentais comme si quelque chose avait été détruit à jamais dans mon âme. Bien que je n'étais qu'une gamine, je voulais tant les sauver... et je n'avais absolument rien pu faire... Absolument rien.

Comme pour me rassurer, je me blottis contre le plastron glacial de celui qui venait de me sauver à l'instant et je me remis à sangloter. Dans mon monde, tout avait été balayé d'un revers de main si rapidement que je ne pouvais le supporter. De plus, survivre en plein hiver à Beluslan, dans un milieu hostile envahi de bêtes sauvages et de pillards n'était pas un objectif à la portée d'une fillette de 9 ans.

Le soldat glissa ses grands doigts dans mes cheveux, voulant apparemment me consoler. Puis, il dit d'une voix nettement moins sévère qu'auparavant en s'adressant à un autre soldat.

-Gilros, y a-t-il un orphelinat à la Caverne de la Toison Rouge ?

-Il y en a un, mais ils n'acceptent pas les enfants de plus de 7 ans, vu que le bâtiment est déjà bondé d'orphelins.

-Je vois...

Doucement, comme s'il avait peur de me casser, il posa ses mains sur mes épaules frêles et me fit face en s'accroupissant. Imposant, il demeurait plus grand que moi, même dans cette position. Je le fixais, les pupilles encore embués de larmes.

-Écoute, petite... Nous allons partir d'ici. Il va falloir que tu viennes avec nous. On va te protéger.

J'acquiesçais de plusieurs hochements de tête, me frottant les yeux pour chasser les perles de tristesse. Il passa sa main dans mes cheveux et les ébouriffa avec un sourire chaleureux.

-Brave petite.

Puis, il me souleva sans peine et me fit monter sur son dos. Ma tête posée à côté du fourreau de son épée, la joue collée à son armure de métal glacée, je ne m'étais jamais sentie autant en sécurité. Par la suite, nous sortîmes de la maison en ruines. Le jour se levait à l'horizon, légèrement moins sombre que la nuit. Une de ces lumières terne et faiblarde... Une lueur nouvelle pour un nouveau commencement...

~~



445 jours se sont écoulés depuis que le soldat m'avait recueillie. Il se nommait Erathor Kerth et avait le grade de commandant du bataillon III. Et ce jour précis, je décidai de prendre son nom de famille, il devint officiellement ma nouvelle famille.

Pendant cette période, je fus transbahutée dans tout Beluslan, suivant le régiment que dirigeait mon père adoptif. Bien que j'insistais perpétuellement, jour après jour, il refusait de m'entraîner au combat, argumentant que j'étais bien trop jeune pour cela. Je voulais à tout prix suivre sa voie et devenir une Gladiatrice ou une fervente Templière de Pandaemonium. Et alors, je répliquai pour argumenter mes idées qu'il fallait bien que je puisse le protéger à mon tour. Ce genre de remarques lui arrachait toujours un petit rire, puis Erathor m'ébouriffait les cheveux, tandis que je faisais la moue.

Même si je gardais en mémoire la mort de mes parents, il m'avait appris à remonter la pente et à ne plus me morfondre. Pourtant... Dès que mes yeux apercevait un Tayga des neiges au loin, le souvenir de mon père revenait à la charge et il me fallut attendre 3 années complètes pour que cette réaction me quitte enfin.

Le jour de mes onze ans, Erathor accepta enfin de m'entraîner...

Arrivant d'un pas lourd dans la tente de fortune que nous avions monté la veille, il vint me réveiller de manière quelque peu brutale et lança une épée à mes pieds.

-Lève-toi. On commence.

-Co-commence quoi ? bégayais-je en me grattant les yeux pour chasser le sommeil.

-Ton entraînement pour devenir Daeva.

-De... de... QUOOI ???

Sans laisser échapper quelconques paroles superflues, il sortit de la tente, épée en main. Je me levai en trombe, enfilant des vêtements chauds et je saisis l'épée. Cependant, qui aurait pu penser qu'elle était aussi lourde ? Avec acharnement, le manche de l'arme en mains, j'arrivai à la faire glisser hors de la tente, comme si je traînais tout Atréia dans un seul objet. Essoufflée, respirant comme un Buffalid, je fixais mon tuteur :

-A-Allons-y. Je... Je suis prête.

Aussitôt, il éclata de rire, lâchant son épée à terre, les mains sur le bas-ventre comme pour tenter en vain de se retenir. Tout comme les soldats du régiment qui avaient observé la scène. Terriblement vexée, je sentis les larmes monter sur mes joues. Tout le monde se moquait de ma détermination. Le commandant essuya une larme de rire qui avait glissé sur sa joue, toujours un sourire sur ses traits, débris de son fou rire.

-Dé-Désolée, Alen'. La voie de Gladiatrice n'est manifestement pas ta tasse de thé. Il va falloir trouver autre chose.

-Mais... Mais, je veux me battre !

-Ne t'en fais pas. Il existe d'autres manières de se battre.

Il vint ébouriffer une fois de plus ma chevelure, tout en souriant. Cependant, il perdit rapidement son sourire en tournant la tête vers un messager couvert de sang, claudiquant dans notre direction. Ses vêtements étaient déchirés, une flèche enfoncée dans sa hanche révélait un flot de liquide de vie carmin, qu'il tentait de retenir vainement avec sa main. Il tomba à genoux à un mètre de nous, puis bascula en arrière, ouvrant sa main ce qui fit tomber une parchemin dans la neige. Nous fonçâmes lui porter secours. Alors qu'Erathor appela l'équipe médicale, mes yeux étaient rivés sur la plaie. Tout ce sang... Cela me rappelait le meurtre de mon père et la mort tragique de ma mère, dont seul un bras et une flaque de sang me restaient en mémoire. Le sang s'étalait toujours plus sur la neige. Il fallait que j'agisse. Cette fois, c'était ma chance d'y arriver !

D'un geste habile et sec, j'ôtai la flèche, alors qu'il relâcha un cri de douleur, puis, de mes petites mains, je couvris la plaie. Autour de mes mains, je sentis une petite aura chaleureuse et douce, qui apparut comme un halo rougeoyant. La blessure se referma peu à peu à une vitesse prodigieuse, laissant juste s'évaporer une petite fumée blanche comme si le trou de la flèche s'évaporait.

Puis, gentiment, j'enlevai mes mains, les rapportant contre mon poitrail, totalement surprise et désorientée de ce que je venais de faire. De la magie de soins ? Je n'en avais jamais appris les subtilités et pourtant, la vie de cette homme avait été sauvée grâce à moi.Sauvé... ? Néanmoins, au fond de moi, je me sentais bien, tel un animal blessé dont on aurait ôté l'écharde de la patte. Le coeur plus léger, parce que cette fois, j'avais pu faire quelque chose qui ne fut pas vain.

Alors que j'émis un petit rire de satisfaction, mon corps humain n'avait pas apprécié de pratiquer impunément de la magie, il était à bout de force. Quasiment juste après, mes pupilles glissèrent en arrière, mes forces m'abandonnaient et je tombai dans la nuit, vidée de toute énergie.

A mon réveil, quelques heures après, un mal de crâne incroyable tambourinait mes tempes. Paupières entrouvertes, main sur la face, je finis par remarquer sur la table de chevet : une masse, un bouclier et une lettre, sur laquelle était simplement noté.

-A défaut d'être Gladiatrice, tu seras Clerc...



Encore mal réveillée, je saisis la masse et le bouclier sur ma table, les fixai un instant, puis partit en direction de la tente de mon père. D'un pas contrarié et hâtif, j'ouvris la porte de tissu et m'engouffrai dans l'appartement de fortune. Erathor scribouillait sur son bureau, tandis que je posai mes mains et les armes sur le bureau.

-Une Clerc ?? Vous décidez ainsi à ma place de mon avenir en tant que future Daeva ?? Pourquoi ne pas m'avoir demandé mon avis avant ??? Alors que vous saviez très bien que je voulais suivre vos pas et devenir un soldat ! Et non pas un membre d'une escouade médicale !!!

A chaque mot, mon ton semblait monter d'un cran. Je tapai fortement du poing sur le bureau, tandis que mon mentor demeurait impassible, l'air détaché, les yeux fermés et aligna quelques mots.

-Tu as eu de la chance de tomber sur une telle situation pour prouver ta voie devant le régiment.

-De la chance ?? Quelle genre de chance y a-t-il à voir débarquer un messager mourant ???

-Tu as pu ainsi montrer que tu pouvais être utile.

Tandis que mes traits se crispèrent légèrement sous le coup du sarcasme, toutefois vexée, je fronçai les sourcils.

-Hé ! Ne-

-Néanmoins, j'ai déjà demandé aux clercs du régiment de parfaire ta formation, m'interrompit-il.

-De... QUOI ?

-Kaeris et Frega t'attendent pour aller à Pandaemonium, dès que tes affaires seront prêtes.

-Pourquoi cette décision ?? J'ai toujours vécu à Beluslan. Alors pourquoi ??

-Ce messager... était un corbeau de bien mauvaise augure.

Sans la moindre expression, il tapotait frénétiquement ses doigts sur un morceau de parchemin. Le parchemin qu'avait apporté le messager, je l'avais reconnu entre milles, vu qu'il y avait encore un peu de sang séché dessus. A l'encre rouge, je pus entrapercevoir « Ordre d'arrêt » en lettres capitales sur le haut de la lettre. Mon expression se figea.

-Un ordre... d'arrêt ?

-Feinter n'est plus à l'ordre du jour, les Juges de l'Ombre ont décidément des yeux partout.Tss... Je n'aurais pas dû accepter cette mission, dès le départ. Et maintenant, il va falloir payer...

Ses lèvres se crispèrent en un rictus, signe qu'il était en colère. Il se leva d'un geste sec, manquant de faire basculer son secrétaire. Par réflexe, je reculai un peu, les yeux rivés sur Erathor. Quand il était dans cet état, il semblait encore plus grand et imposant qu'il ne l'était déjà.Cependant, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il insinuait et à ce qu'il avait en tête. Pour une fois, ses réflexions ne m'atteignaient pas et cela me troublait. Mature d'esprit, je pus mettre ma frustration de côté et le questionnai sur ce problème par un simple regard compatissant. Son poing enserra le morceau de parchemin, le réduisant en lambeaux.

-Ecoute... Nous ne reverrons plus avant un long moment. Mes supérieurs ont appris ma faute et Vidar est intransigeant sur cela... Une chance qu'il ne m'envoie pas à la potence, même si la prison de Pandaemonium n'est pas mieux.

-L'emprisonnement ? Mais... Tu as toujours suivi les ordres à la lettre !

Avant de me répondre, il eut un léger rictus dans le coin des lèvres, que je n'arrivais pas à déchiffrer.

-Et pourtant... Il y a un peu moins de deux ans, l'ordre était de raser le village d'Orius et d'exterminer toute forme de vie s'y trouvant, animaux et enfants compris. Cet endroit était suspecté de servir de cachette à des Elyséens, ayant emprunté des failles depuis Heiron. Dès qu'une faille apparaît, le champ éthéré se distord un instant et les fragments volants chutent ou changent de trajectoire. Après, la pluie de débris sur toute la zone, il était évident que les traîtres élyséens se trouvaient ici, cachés. De plus, les bandits qui ont tué ton père étaient des Elyséens... Et donc, en t'épargnant, j'ai failli à mon ordre de mission. Acte qui m'a valu cette missive.

Ses griffes se déplièrent, puis se replièrent sur le parchemin, le broyant davantage. Comme tétanisée, je le fixai de mes yeux écarlates. A vrai dire, je ne savais que penser. Il m'avait sauvé la vie, mais en échange de cela, il avait failli à sa mission et avait mis son honneur en danger. Il devait s'attendre à recevoir ce message depuis longtemps, c'est pour cela qu'il avait choisi pour moi la voie de Clerc si rapidement et qu'il avait engagé deux nouveaux tuteurs dans la même nuit. Tout s'assemblait... Erathor savait ce qu'il allait se passer...

Je baissai la tête, avec une expression mélangée à une sorte de reconnaissance et de frustration.

-Je vais aller faire mes bagages alors...

La voix étouffée, je fis volte-face, ne pouvant davantage affronter la culpabilité que j'éprouvais en croisant simplement son regard ou en restant dans la même pièce qu'Erathor. Lentement, ma main glissa sur la chute de tissu servant de porte et ouvrit la tente sur le froid hivernal de Beluslan. Un court instant, je m'arrêtai et pivotai légèrement la tête en arrière, sans pour autant le voir.

-Je viendrai vous revoir, dès que je serai devenu la Clerc que vous souhaitez que je sois.

Le son de ma voix était à la fois fluide et lointain. Cela résonnait comme une promesse. Une promesse que je tiendrai...

Le lendemain, Kaeris et Frega, un couple de Daevas clercs, et moi-même prirent un portail pour la capitale et c'est ainsi que mon entraînement commença. Un enchaînement d'allers-retours entre le Temple du Savoir, le District de Vanahal et l'Arène, pour m'entraîner au combat réel. Ils m'apprirent à prier Azphel, le seul seigneur empyréen qui n'éprouvait aucune pitié et qui avait sauvegardé les Asmodiens de la déchéance dans les ténèbres. Il était un égide, un protecteur ténébreux. Comme je voulais l'être pour mon mentor. Lui rendre la pareille...

Des semaines et des mois d'entraînement intensif, de bourrage de crâne avec tous types de formules de soins en tous genres et d'essayage d'armures de mailles, de boucliers et de masses... Ils finirent par porter leurs fruits. Mon Ascension s'en suivit. Dès que j'accédais au rang divin, après les félicitations de mes deux tuteurs, au lieu de faire la fête, je courus au travers de tout Pandaemonium. Il était temps de revoir Erathor.

Mes pas glissaient sur les pavés, lorsque je me mis à ralentir subitement. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire après tout ce temps ? Quels mots seraient les plus appropriés ? Que lui dire ? Le regard rivé vers le sol, je cheminais. Puis, j'entendis des claquements d'armures qui s'entrechoquaient, ce qui me fit repenser à Erathor et dès que mes yeux se levèrent, je vis un groupe de soldats emmener un homme aux cheveux blancs en direction de la geôle de la capitale. Puis, un enfant prit une pierre et la lança en direction du prisonnier, je rattrapai le projectile en vol, puis tourna une fois de plus mon regard vers le criminel. Immobile, j'épiai cette personne.... Le regard rougeoyant qu'il possédait se teintait d'une étincelle qui me semblait familière. La même étincelle écarlate qui prouvait que ses yeux avaient vus bien plus de désespoir et vécu bien plus de chagrin que la norme. Sans m'en rendre compte directement, je le dévorai inconsciemment du regard, pendant quelques secondes, intemporelles à mon impression et dès que son regard croisa le mien, mes joues bleutées virèrent au rouge. Et ne sachant comment réagir, je pris la fuite, m'enfonçant dans la foule, entassée devant le bâtiment.

La prison de la capitale asmodienne impressionnerait n'importe qui par sa grandeur et son impression d'être inviolable... Une fosse à châtiments dans laquelle on tombait sans savoir quand remonter... Prête à frapper à la porte de l'entrée principale, les doigts en crochets, mon esprit hésita un instant. Durant ce moment-là, je sentis une main se poser sur mon épaule... Et elle appartenait à une personne que je n'avais encore jamais vue...



à suivre

( Mouai mais bon...

C'est frustrant quand tu lis une histoire sympa, bien écrite, bien racontée, que tu rentres dedans, et que, au pire moment, quand tu t'inquiètes pour le personnage, quand tu te demandes ce qu'il va lui arriver, comment il va s'en sortir, tu tombes sur un putain de "à suivre."

Envoie plutôt la suite directe, quoi!

"à suivre" quoi... tss...
)

+1 sabere

Du sombre, du désespoir, de la survie et une pincée de tendresse. En bref, tout les ingrédients d'un bon bg. "clin d'oeil", vivement la suite !

(Sympatoche, par contre c'est quoi un estramaçon ? ^^)

Un outils pour faire de Super massages ! ( un outil pour extra-masser )
Oui je sors.

Oui, tu sors. *donne un coup de pied à Tai*

Un estramaçon, c'est une grosse épée à deux mains, ressemblant à une claymore ou une zweihänder, mais en moins barbare ^-^

Ou alors, c'est un mec qui pose super bien du carrelage !

Et hop! Le chapitre 3 de lancé ^^

(Ouais, c'est un espadon pointu quoi ^^

Mais oui Taitene, c'est très bien... maintenant tu vas suivre les gentils messieurs en blanc qui vont t'emmener dans un endroit bien calme. *ton mielleux* Tu pourras inventer toutes les blagues que tu veux.

Sinon Alen sympathique BG, vivement la suite ^^)

Et un de plus ^^

G-E-N-I-A-L !