Carnets de route d'une sorcière

L'Erenn des érudits d'Eirène se trouvait comme à son habitude dans la bibliothèque secrète quand elle reçut un message de la Lame Feawel lui demandant audience. Assez surprise, Szora la convia donc à la rejoindre et donna ses ordres aux gardiens pour qu'on laisse passer l'assassin. Peu de temps après, Feawel se présenta dans une tenue impeccable arborant les armoiries de la Légion. Szora accueillit Feawel avec amabilité et les deux femmes, autant génée l'une que l'autre, discutèrent longuement. Il serait long, fastidieux et ennuyeux de tout reporter ici, néanmoins, quelques points notables se doivent d'être narrés. Non seulement la sorcière eut le plaisir de redécouvrir le côté posé et ouvert que savait avoir Feawel, mais en plus elle apprit que Feawel était décidée à s'améliorer pour le bien de tous. La sorcière ignorait ce qui avait pu retourner la situation aussi radicalement, mais elle ne pouvait qu'en être heureuse. Elle n'oubliait pas que Feawel était pressentie pour devenir Adnae et il eut été très inconfortable de l'avoir pour ennemie. Ainsi donc la Lame d'Adraste présenta ses excuses à l'Erenn d'Eirène et cette dernière en fit autant. Durant ce long entretien, les deux femmes se serrèrent la main pour sceller cette paix naissante et peut être même cette nouvelle collaboration. Il y eut même un évènement qui failli faire défaillir la sorcière, elle réussit à faire rire l'assassin (si si j'vous jure Fea a rit ... et non pas ferrari :p). C'est donc plus sereine que jamais que Szora vit se terminer cette étrange journée.

[à suivre ...]

Szora avait reçu un rapport selon lequel, dans un endroit retranché se trouvait une magnifique bibliothèque, mais que pour y accéder, il fallait remonter le temps et prendre la place d'une certaine Kromede. Ne reculant devant rien pour accéder aux ouvrages qui ne manqueraient pas de s'y trouver, la sorcière fit le nécessaire pour explorer l'endroit en question ...
C'est durant cette exploration que la voix d'Ereine tintât dans sa tête, Orseis venait d'accueillir un nouveau membre. L'endroit où elle se trouvait étant lourdement gardé, la thaumaturge devait de frayer un chemin en force, c'est donc entre deux boules de feux, qu'haletante, elle fit bon accueil à cette recrue. Dès que la nouvelle recrue répondit, la sorcière sentit immédiatement qu'elle avait à faire à un mage. Elle ne pouvait bien évidement pas arrêter son exploration et retourner sur Pandémonium pour harceler la pauvre recrue de questions ... Toutefois, elle se promit, si elle arrivait à sortir vivante de ce sinistre endroit, de recevoir la nouvelle recrue dans les plus brefs délais ... Avant qu'Adraste lui fasse ENCORE une fois le coup de recruter un probable érudit en gâchant ainsi les capacité de celui-ci en le mêlant aux soudards dont était composée cette voie.

(Et toc, laisse en quelques uns pour les autre Lak ^^)

Ce soir là avait mal commencé et c'était plus mal fini encore. La sorcière épuisée retourna à la bibliothèque secrète et prit sa plume pour envoyer à l'Anrad et chacun des Erenns d'Orseis une copie des lettres étranges qu'elle avait reçues ces dernier jours.

Spoiler:

Chapitre IV (... la neige ...)

Stupide un jour, stupide toujours ...
Ainsi se résumait la pensée de l'Erenn des Erudits. Après avoir tenté d'attirer Feawel dans un endroit clos où l'on pourrait la maîtriser facilement, et bien que l'ayant fait ouvertement sur la voix d'Eirène afin que chacun entende et ait une chance de voir où elle voulait en venir, alors même que son plan semblait fonctionner, elle entendit le hallebardier et ses sbires s'essouffler à donner la chasse à Feawel en terrain découvert ... La sorcière se surprit à espérer que Feawel dans sa folie tuerait l'imbécile qui lui servait d'Erenn. Elle en avait fini de s'occuper des histoires de la Maison d'Adraste, ce ramassis de crétins ne l'intéressait plus, ils avaient eu plus que leur compte de chances et les avaient toutes grillées les unes après les autres ... Szora décida froidement de considérer le Hallebardier et sa clique d'abrutis comme quantité négligeable et remplaçable. Il n'était rien dans son esprit de plus horripilant que la stupidité et cette fois c'était décidé, elle avait d'autres chats à fouetter que de tenter de materner des idiots qui ont une cervelle de la taille du pommeau de leurs épées et, qui plus est, réfléchissaient avec leurs glandes plutôt qu'avec leurs cervelles. C'est forte de cette décision prise, et bien décidée à ne plus en démordre que la thaumaturge s'en retourna, fulminant, à la bibliothèque secrète de Pandaemonium. Un courrier l'attendait, une écriture enfantine, Lyodicaé lui demandait de rejoindre la voie d'Eirène ... La sorcière considéra longuement la question, puis décida que ce petit avait un certain potentiel et n'avait pas besoin que les uns avec leurs esprits étriqués, les autres avec leurs ambitions débordantes, n'aillent le corrompre. C'est donc en cet état d'esprit qu'elle fixa longuement la plume sur son lutrin. Au bout d'un moment elle lâcha le lutrin du regard et la plume s'anima comme si elle eut été vivante, se mit à voleter entre l'encrier et le parchemin, tantôt s'imbibant d'encre, tantôt gribouillant sur le parchemin, tandis que la sorcière lisait un ouvrage sur les poisons et venins naturels. Quand la plume cessa de s'activer et retrouva son support, la sorcière leva un sourcil, elle s'approcha et relut le parchemin, satisfaite de sa maîtrise grandissante ...

Spoiler:

Plus en rage que jamais, Szora revint de la cérémonie se maudissant de s'y être présentée et maudissant l'univers tout entier de la honte qu'elle venait d'essuyer. Elle marchait d'un pas pesé et régulier, descendit les marches qui menaient à la bibliothèque secrète. Avisant Oubliette qui était de faction elle lui lança :"Hinae DeLint n'est plus la bienvenue ici si elle tente d'entrer ... Bah vous savez ce que vous avez à faire". Oubliette acquiesça d'un hochement de tête tandis que Szora pénétrait dans le saint des saints. Trop bouleversée pour utiliser quelque magie de confort que ce soit, elle s'avança près du lutrin tout en pensant "Il doit bien rire l'autre crétin maintenant, à se demander s'il n'a pas payé cette cruche pour m'humilier publiquement ..." Puis elle prit sa plume pour rédiger un courrier :

Spoiler:

La sorcière relut froidement sa missive, la roula, y apposa son sceau et chargea un coursier de la transmettre à l'Anrad. Bien décidée à ne plus s'occuper que de ses propres affaires, elle rentra chez elle, ignorant les conversations de la voix d'Eirène.

Velren se trouvait à son balcon quand la missive arriva. Elle la décacheta avec soin avant de la lire, puis elle croisa les bras sur la rambarde, la lettre dans une main.

Elle contempla l'horizon. Son secret commençait à lui peser lourdement sur le corps et l'esprit. Kris et sa péronnelle n'avaient rien fait pour arranger les choses.

Le moment ne pouvait pas plus être mal choisi. Le 13ème Cercle se manifestait de nouveau pendant que les voies s'entre-déchiraient entre elles. Encore une fois, elle était la dernière ligne de défense et elle était sur le point de céder. Elle maudit intérieurement l'Anrad élyséen en se posant une main sur le front.

Ceryndé...

Que ne donnerait-elle pas pour la revoir, ne serait-ce qu'un instant? Que ne donnerait-elle pas pour revenir dans le temps, pour empêcher l'inéluctable?

Il lui semblait revenir au temps où elle était dans les geôles froides et obscures de Pandeamonium. Elle pouvait encore entendre le cliquetis de ses chaînes, elle en sentait encore l'étreinte sur ses poignets. Un instant, le désespoir l'avait pris et lui avait susurré ses fausses promesses à l'oreille.

Laisse-toi aller...
Il est vain de lutter...
Il serait si bon de se dire que tout est fini...
Quel est l'intérêt de se battre pour une cause perdue d'avance?

Elle se redressa et posa une main ferme sur la rambarde. C'était à ce même moment qu'elle avait relevé la tête dans ses geôles. Elle était l'Anrad d'Orséis, elle ne céderait pas. Le doute pouvait l'envahir, le désespoir l'engloutir et l'adversité la briser mais elle tiendrait. Sa pensée vindicative se tourna vers le 13ème Cercle.

Vous ne gagnerez pas cette manche.

Elle se dirigea ensuite vers son bureau où elle entreprit de rédiger une lettre à l'intention de l'Erenn Szora, puis une autre à l'intention des trois Erenns.

Lettre à l'intention de Szora:

Lettre à l'intention des Erenns:

(juste Orséis où ?... Ah, et je me co ce soir ^^)

(C'est juste Orséis qui a des soucis pour le moment mais ne t’inquiète pas, les heures sombres atteindront bien assez vite Pyrae >:)

La sorcière rentrait chez elle, sa tenue tachée de sang ... pas le sien ... Elle tenait sur l'épaule un sac rembourré et dans la main son grimoire qu'elle lisait tranquillement. Les cliquetis d'une armure de plates tintaient doucement à chacun de ses pas, son sac contenait en effet quelques présents qu'elle rapportait au Hallebardier histoire, d'une fois encore, tenter une trêve.
Quand elle se présenta devant sa porte, Gorunerk lui fit bon accueil et lui tendit trois lettres. La sorcière reconnut immédiatement le sceau de l'Anrad sur deux d'entre elles. Elle les lut sans sourciller, son visage restait de marbre et son regard inexpressif, elle se contenta de noter mentalement les informations puis les deux lettres s'enflammèrent. Lorsqu'elle lut la dernière lettre, un sourire de mépris se dessina sur ses lèvres. "Mon cher informateur anonyme semble ne pas mieux valoir que les autres, il me croit stupide, il pense que je n'ai pas élucidé toute cette affaire, peu importe, laissons les tous me penser aussi stupide qu'ils le souhaitent, je m'en fiche, j'honore Eirène et Eirène seulement ..." Cette lettre aussi partit en fumée. La sorcière reprit son masque d'impassibilité, demanda à Gorunerk de lui faire couler un bain puis elle prit son temps pour se préparer à rencontrer le conclave des 4 en étant impeccablement mise.

Inadmissible !

Elle sentait encore la puanteur des abysses sur sa peau.

Inconcevable !

Elle tournait en rond comme un fauve en cage dans son appartement devenu d'un coup trop exigu pour elle.

Incroyable !

Gorunerk la regardait en tremblant il ne l'avait plus vue dans cet état depuis longtemps, mais se souvenait de ce que cela pouvait signifier pour lui.

Mais quelle ... mais quelle ... Pimbêche de Hallebardière mal dégrossie, bouseuse, stupide créature, perfide vermine !

Cela durait depuis maintenant presque une heure, elle avait coupé sa connection mentale avec la voix d'Eirène pour ne pas les entendre s'affairer autour de l'Erenn Lakhsry tant elle ne supportait pas l'idée qu'on lui apprenne une telle perte.

Aucun respect, aucune discipline, cette ... cette CHOSE ose me donner des leçons ? Elle a le toupet de me menacer ! Et personne ne lève le petit doigt ? Pire ! Cette raclure de fond d'écuelle à porgus ose m'accuser de reporter la faute sur Dame Eirène !!!!

Gorunerk se fit tout petit voyant des flamèches s'allumer et s'éteindre spasmodiquement au bout des doigts de la sorcière.

Et ce petit couard et vicelard de Kris, pas même une tentative pour remettre les siens dans le rang ! Qui donc leur apprend ce qu'est la hiérarchie ? Qui donc est assez débile pour les recruter ? Ah ! On voit que les juges des Ombres ne sont pas à Sanctum, cette petite souillure de demi Anrad ferait mieux son travail de peur d'être lui-même exécuté...

Le sang pulsait à ses tempes, elle se sentait sur le point de perdre le contrôle même de ses pouvoirs mais ne put s'empêcher de continuer à vitupérer tout en tournant en rond dans l'espace trop restreint, des objets commencèrent à s'enflammer ici et là sans même qu'elle les remarque, ses bougies fondirent en un clin d'oeil, le Shugo s'éclipsa discrètement.

Et ils espèrent que je vais laisser partir mes Lames pour les aider ? JAMAIS !

Elle s'évanouit dans une explosion de glace ...

L'esprit préoccupé, la sorcière sortit de la bibliothèque plongée dans une de ses transes, c'est machinalement qu'elle reconnecta son esprit à la Voix d'Eirène. D'autres Orseis était présents sur cette voix mentale qui les unissait tous, respectant en cela ses propres édits, Szora salua la légion, faisant preuve de la courtoisie exigée par sa Maison. A peine eurent-ils fini de saluer l'Erenn qu'une voix qu'elle aurait préféré ne pas entendre l'interpela. Lakhsry lui demandait si elle pouvait lui accorder audience. Szora faillit refuser, mais elle se souvint qu'elle devait se rendre au Manoir de Kaliga, non loin de la demeure de Lakhsry. "Je fais semblant de l'entendre et je file au manoir, si lui se montre inutile, son orbe de voisinage au moins me servira ..." Songea-t-elle en acceptant de rejoindre Lakhsry. Elle ne prit pas, contrairement à son habitude, la peine de revêtir son uniforme et arriva chez le gladiateur en tenue de combat. Elle s'arrêta sur le pas de la porte pour trouver un Lakhsry dont le visage était ravagé par le remord. Lakhsry s'excusa platement pour ses exactions de la veille.

"J'ai fait tant de mal"
"A la Légion ? C'est certain !"
"J'ai tout perdu !"
"Vous êtes encore là me semble-t-il"

Lakhsry resta coi devant le ton sec et le regard sans émotion de la sorcière. Elle ne savait pas comment réagir, envoyer le guerrier balader ou bien tenter un fois encore de le remettre sur les rails. Elle avait tant oeuvré pour tenter d'unir les trois maisons, tant essayé de redorer le blason de la Maison Adraste, tant souffert d'être incomprise dans ses manoeuvres qu'elle ne pouvait laisser une erreur aussi stupide soit-elle mettre à bas tous ses efforts. Elle pensait bien que Lakhsry paierait le prix de sa énième faute, mais elle refusait de risquer qu'un nouveau bouleversement puisse ébranler les bases encore fragiles de la Légion. Mais comment ? Comment ne pas désavouer son homologue et néanmoins ami ? Comment faire pour ne pas perdre l'une des lames les plus indispensables de la légion ? Comment faire pour empêcher cet adorable imbécile de nuire à nouveau ? Son esprit tournait à toute vitesse tandis qu'un plan qui pourrait bien apaiser les esprits et sauver la face pour tous ou presque, commençait a germer.

"Une fois encore vous n'ouvrez les yeux qu'après avoir la tête dans le mur Lakhsry !"
"Je le sais bien ... Et je perds Feawel ... Je ne le supporterai pas ..."
"Vous avez déjà perdu votre Filid, je lui ai conseillé de se mettre sous la protection de l'Erenn Taitene, cela la protègera de vos exactions tout en la rapprochant de son amant ..."
"Je vois ... Vous avez agit sagement ..."
"Il est temps pour vous de réparer et d'enfin cesser d'être stupide !"
"Mais comment ?"
"Il est temps de tenir vos promesses, vous devez donner à Feawel le rang que vous lui aviez promis, MAINTENANT !"
"Feawel ? Elle veut quitter la voie ..."

La sorcière accusa le choc sans rien montrer de la peur panique qui s'emparait d'elle. Alenwë chez les Ombres, Feawel partie d'Adraste, la Maison des Disciples ne s'en relèverait pas.

"Il y a peut-être un moyen, mais vous devrez me faire confiance et ne pas dire un mot tant que je ne vous y autoriserai pas ... Me faites-vous confiance ?"
"Vous avez toujours agit en amie"
"Donc, à partir de maintenant je ne veux plus vous entendre"

La sorcière se demanda si elle ne faisait pas une erreur en essayant une fois de plus de sauver les meubles, mais trop de choses étaient en jeu, trop de conséquences pourraient découler d'un éclatement de la Maison d'Adraste pour qu'elle ne tente pas le tout pour le tout. Elle convia donc Feawel à la rejoindre à la demeure de Beluslan. Feawel hésita mais accepta l'appel de la sorcière. En arrivant, elle vit Szora qui l'attendait, un air sérieux sur le visage et Lakhsry en retrait qui regardait ses chaussures.

"Entrez Feawel, installez vous et ne vous inquiétez pas, il ne dira pas un mot"
"J'aime autant rester là"
"Comme vous voudrez, je n'irai pas par quatre chemins, je n'ai qu'une question à vous poser"
"Je vous écoute"
"J'apprends que vous souhaitez quitter la voie d'Adraste ?"
"En effet, j'ai pris rendez-vous demain chez l'Anrad pour en parler"
"Dites moi, est-ce vous qui avez choisi votre voie ou votre voie qui vous a appelée ?"
"J'ai choisi ma voie"
"Vous souvenez-vous des raisons qui vous ont fait faire ce choix ?"
"Oui"
"Ces raisons ont-elles disparu ?"
"Non, mais ..."
"Vous savez comme moi que votre désaveu risque de détruire la voie et si la voie s'écroule, la Légion est sans protection ..."
"Je ne crois pas être aussi importante ..."
"Vous l'êtes et je vous l'ai toujours dit, même du temps où vous me haïssiez !"

La sorcière laissa un silence pour donner le temps à l'assassin de se rappeler des évènements qu'elles avaient traversé toutes les deux. Quand elle lut dans ses yeux que l'assassin avait compris où elle voulait en venir, elle reprit avant que cette dernière ne put tergiverser.

"J'ai un pacte à vous proposer"
"Un Pacte ?"
"Un pacte pour sauver la maison Adraste, un pacte pour sauver la légion, un pacte pour vous sauver vous"
"Quel pacte ?"
"Vous devenez aujourd'hui même Adnae de la maison Adraste et Lakhsry fait serment de vous consulter pour TOUT ce qui concerne les affaires de votre Maison"
"... Mais tiendra-t-il parole ?"
"Il prêtera serment ici et devant moi, et croyez moi qu'au moindre écart je saurai lui rappeler son serment ... Dans ces conditions, accepteriez-vous de me tendre la main et de nous aider à sauver Adraste ?"
"Velren ne le voudra pas ..."
"Depuis quand un Anrad ordonne-t-il à un Erenn ? Nous respectons les opinions avisées de Velren, mais sa réelle fonction se cantonne à celle de conseiller ... Si elle décide de s'en prendre à quelqu'un pour cet arrangement, je serai sa cible, j'en prends la responsabilité entière."
"Alors je dois annuler mon rendez-vous ?"
"Certes non ! Vous irez à votre entretien, seulement son contenu sera différent ... Je compte bien sur vous pour informer l'Anrad des nouvelles évolutions de la Maison Adraste."
"Mais Lakhsry devra tenir sa parole"
"Il sait que c'est probablement sa dernière chance ..."

Ainsi, Feawel accepta la charge d'Adnae, Lakhsry prêta serment, et Szora annonça sur la voix d'Eirène que bien que n'ayant pas encore le titre officiel, Feawel recevait la charge qui était désormais la sienne.

Szora prétexta que Lakhsry et Feawel devaient maintenant probablement mettre sur pied les stratégies qui leur permettraient de redresser et stabiliser la maison Adraste pour s'éclipser. Sur le chemin qui la menait au manoir, elle souriait intérieurement. Par un savant tour de passe-passe, elle venait de donner à Feawel un place qui ressemblait étrangement à celle d'un Erenn tout en permettant à son trop impulsif ami de sauver la face. Elle savait bien que son plan n'était pas parfait, mais elle n'avait pas trouvé mieux pour limiter les dégâts au maximum ... Certainement que les Lames ne verraient pas d'un bon oeil tout cela et penseraient que Lakhsry s'en tirait à trop bon compte, mais elle espérait que le temps aidant, les anciennes rancœurs finiraient par s'atténuer, voire même par être oubliées. C'est donc la conscience en paix qu'elle s'attaqua à sa tâche ...

C'est blessée par le comportement injurieux du nouveau sbire de l'Anrad et la mort dans l'âme d'avoir appris la destitution de son homologue de la Maison d'Adraste que la sorcière s'en retourna ce jour là dans don salon d'étude.
Elle ouvrit un vieux grimoire, en lut quelques lignes et le referma, elle n'avait pas même le coeur à l'étude ni à la lecture. Même ces plaisirs simples qui d'ordinaire apaisaient tous ses maux avaient une saveur désagréable en ce jour.
Lakhsry qui avait commis l'irréparable à force d'être poussé à bout par ce Shynos, Taitene qui venait d'être trahi et abandonné par ce même Shynos et maintenant, elle, injuriée publiquement toujours par le même faquin, félon, traitre, homme sans honneur et sans parole ...
Elle en était là de ses pensées, les émotions chamboulées, à la limite de la nausée quand elle se décida. Elle savait que cette lettre serait sans effet, désormais, l'Anrad ne se cachait même plus pour imposer sa loi, ses volontés, sans même consulter les Maisons ... Décidément la légion courait à sa perte, si les fondateurs avaient décidé que les 5 guideraient en fonction de leurs attributions, ce n'était certainement pas pour rien ... Pourtant la sorcière prit quand même sa plume, se tenant debout devant son lutrin, elle considéra le parchemin vierge un long moment avant de commencer à écrire :

Spoiler:

Quand elle eut fini son pamphlet, elle tira de son sac, un ruban doré, regarda l'anneau sigillaire que lui avait offert Lakhsry, en souriant tristement, prit une pépite d'or qu'elle venait à peine de collecter, posa d'une main le ruban sur le parchemin, tenant de l'autre la pépite, elle concentra toute sa peine sur le morceau de métal qui se mit à fondre et tomba, informe sur le ruban. Avant que le métal ne refroidisse, elle serra le poing, laissant saillir sa bague et apposa le sceau qui désormais serait connu comme les armoiries de la Maison Eirène. Elle l'avait elle même dessiné, il représentait le blason Orseis incrusté dans un parchemin, le tout surmonté d'une plume pour symboliser les outils de prédilection des érudits. A peine le sceau d'or refroidi, elle roula son parchemin et le tendit à son majordome, laissant choir de ses lèvres un "pour l'Anrad" laconique et sans vigueur. Gorunerk fut saisi par ce ton particulièrement inhabituel, et parti immédiatement d'un pas trotté vers les appartements de l'Anrad, il se demanda tout de même en chemin s'il ne devrait pas revenir accompagné d'un soigneur, tant sa maîtresse semblait dans un état de dépression avancé.

Velren reçut la lettre de Szora avec un sourire désabusé et un sentiment presque de nostalgie. Szora était bien la digne héritière d'Eirène bien qu'elle était sans doute en plus calme et posée que sa prédécesseur et ce n'était pas peu dire. Eirène n'avait jamais caché son aversion pour l'Anrad asmodienne et Velren ne se souvenait que trop bien, avec amusement, les nombreuses crises de colère de l'élyséenne.

Ils auraient dû vous exécuter ce jour-là! lui avait crié un jour, excédée, la Fondatrice.

C'est entre deux rapports que Velren avait reçu la lettre de Szora mais elle prit le temps de lui répondre en prenant soin de développer chacun des points qui lui paraissaient les plus importants. Elle aurait souhaité terminer cette lettre par des mots rassurants et positifs mais ce n'était pas le genre de l'Anrad d'arrondir les angles quand elle sentait que cela ferait plus de mal que de bien.

Une fois ses lettres rédigées, elle les enroula soigneusement avant de cacheter la dernière et de les envoyer. Elle retourna ensuite à sa tâche éternelle avec une certaine lassitude qu'elle finit par mettre de côté pour se concentrer davantage sur son labeur.

1ère Lettre:

2ème Lettre cachetée:

La sorcière reçu la lettre de l'Anrad sans laisser paraître la moindre émotion, la lut et sourit.

"Amusant de constater que l'un me dit avoir reçu une propositions de l'autre et l'autre prétend avoir reçu une candidature du premier ... Chacun arrange l'histoire de la façon qui lui convient ..."

Songea-t-elle en rangeant la lettre. Elle se remit à lire un énorme grimoire, tout en notant quelques passages dans son propre livre. Une ombre vacilla dans la lueur dansante de la bougie. La sorcière ne leva même pas les yeux de sa calligraphie pour demander :

"Et bien ? Quelle nouvelles ?"

La forme encapuchonnée susurra son rapport et disparut comme elle était venue, sans bruit ... La sorcière soupira

"Et bien il est donc temps"

Elle convoqua sa future Adnae, l'informa qu'elle s'apprêtait à prendre un peu de retrait en s'accordant une "retraite spirituelle". Mielana se sentit désemparée en apprenant le départ de son Erenn, mais elle comprenait les motivations de la sorcière, celle-ci lui ayant expliqué les tenants et aboutissants de ce repli. C'est dans une accolade telle qu'auraient pu en avoir une mère et sa fille qu'elle se quittèrent, Szora n'oubliant pas de conseiller à celle qu'elle considérait comme une fille spirituelle de ne toucher mot à personne de ce qu'elle savait.

A peine fut elle partie que la sorcière commença son travail d'investigation, une fois encore on lui cachait la vérité, une fois encore on complotait dans son dos, une fois encore on médisait de ses façons de faire, mais cette fois, elle prendrait les devants, elle reviendrait avec des preuves ou des satisfactions mais de toutes les façons elle ne perdrait pas cette nouvelle guerre d'influences qui venait de s'engager ...

... Du moins le crut-elle ...

Elle alla sur une haute montagne de sa connaissance, tellement haute que même les oiseaux et les daeva s'aventuraient rarement à cette altitude, tellement haute, que l'air lui manquait pour respirer et cette asphyxie la mettait dans un état de subconscience proche de la clairvoyance. C'est pour cette raison qu'elle y alla flirter avec sa propre oblitération, qu'elle fit le voyage qui pourrait lui coûter la vie, mais qui si elle en réchappait, lui apporterait la lumière sur les évènements qui lui échappaient ...

*Tableau aux peintures dansantes, visages changeants, avenirs multiples, Taitene, Lakhsry, Feawel, Velren, Mielana, Fauzt, Edain, Velren, Shynos, Natalen, Alenwë, Velren, Noxin, Tren, Lyodicae, Velren, Kris, Velren*

Les visions de la sorcière étaient encore embrouillées mais le même visage revenait sur le tableau et le sien en avait disparu. Elle serra les dents et grimpa encore un peu plus haut ... Tellement haut que même la densité de l'air ne suffisait plus à supporter ses ailes, elle marcha donc péniblement, les poumons en feu, pensant défaillir à chaque nouveau pas, elle leva les yeux et vit LA grotte, juste en dessous du sommet. C'était plus un surplomb qu'une grotte, mais elle connaissait bien l'endroit, elle y avait déjà trouvé refuge, bien longtemps auparavant, elle avait fuit, elle avait du se cacher pour ne pas mourir, et elle était morte pour la première fois en cet endroit, elle avait vu aussi en cet endroit pour la première fois, vu comme on ne voit pas, entendu comme on n'entend pas, compris comme on ne comprend pas ...

*Nuage de fumée, cité détruite, cadavres éparpillées jonchant le sol partout autour d'elle, une main sortant des décombres, au doigt de la main une bague, sa bague*

Elle atteignit enfin LA grotte et retrouva une vieille peau d'urside qu'elle avait abandonnée là autrefois, conservée par le froid et le manque d'oxygène, la peau, bien que multiséculaire semblait n'avoir pas subi les outrages du temps. La sorcière s'enroula dans sa vielle fourrure et s'allongea à même le sol, presque instantanément, elle sombra dans une sorte de léthargie peuplée de rêves étranges ...

*Nuage de fumée, cité florissante, enfants gambadant partout autour d'elle, un reflet dans le ruisseau, une bague, sa bague*

Les avenirs possibles se succédaient, alternant bien des possibilités, lui montrant bien des combinaisons et lui révélant bien des conséquences d'actes commis ou à commettre ...
Quand la sorcière s'éveilla, nul ne saurait dire combien de temps s'était écoulé, Szora elle même l'ignorait, son premier réflexe fut de chercher mentalement le contact avec la voix d'Eirène. Rien, le silence, puis de loin en loin un murmure, le murmure se fit chuchotis, puis le bruit s'éloigna encore pour revenir. La thaumaturge du se concentrer pour relier le contact, elle était rassurée, les voix qu'elle entendait étaient connues, elle n'avait donc pas passé trop de temps en transe ... pas cette fois ... Entendant Shynos parler sèchement à Lakhsry elle su même que ses visions n'avait probablement pas pris plus de deux ou trois jours, peut-être même moins. Elle lança des salutations et la voix d'Eirène disparu à nouveau. La sorcière se leva et entama sa descente, plus elle s'approchait de la valée à l'ombre de la gigantesque montagne, plus son esprit redevenait vif, l'air à nouveau riche lui rendait sa concentration, elle pu enfin invoquer un portail pour rentrer chez elle. Elle savait désormais quelle route suivre et elle la suivrait ... Mais pas sans avoir fait connaître avant le fond de sa pensée ...

Les jours se suivant et ne se ressemblant pas, c'est un sourire radieux sur les lèvres que la sorcière s'installa confortablement à son bureau pour écrire une lettre à l'Anrad, utilisant pour cela son écriture la plus enluminée :

Spoiler:

Une fois cette missive achevée, Szora prit le plus grand soin pour y apposer son sceau et la rouler soigneusement, elle alla même jusqu'à gratifier le messager qu'elle mandata d'une prime doublée s'il lui rapportait une réponse dans les plus brefs délais.

Après la Cérémonie des Serments, Velren rentra chez elle avant de s'asseoir à son bureau, les mains sur les accoudoirs de sa chaise. Autant l'espoir renaissait pour Orséis et Pyrae, autant le destin semblait s'évertuait à le compenser en frappant ces derniers de l'autre main.

Elle avait haï Kris, c'était un fait. Ils s'étaient affrontés durant des siècles, ils avaient usé autant du fer que des mots pour s'atteindre.

Elle n'avait pas oublié l'ancienne appartenance de ce dernier, ni les actes qui l'avaient menés à le haïr.

Mais les choses avaient changé. Elle avait changé. Il avait changé. Elle-même ne pouvait pas dire le contraire. Maintenant qu'elle était sur le point de perdre son ancien rival, elle ne pouvait pas dire que la nouvelle la laissait indifférente.

L'Anrad espéra toutefois que son rival savait ce qu'il faisait en nommant cette péronnelle à sa place. Même si celle-ci avait également changé, Velren ne lui laisserait aucun répit jusqu'à ce qu'elle soit sûre que cette dernière puisse tenir son rang. La clémence ne faisait pas partie de son vocabulaire quand il s'agissait d'un poste à responsabilité, encore plus quand il s'agissait de son homologue élyséen.

Sur ces pensées sinistres, Velren prit sa plume avant d'écrire à l'Erenn Szora.

Lettre cachetée:

C'est le coeur gonflé d'orgueil et de fierté que la sorcière se remémorait la cérémonie de la veille lorsque Gorunerk lui apporta le courrier du jour.

"Prieuré ... Au diable, Juges ... Qu'ils aillent se pendre, Nuage noir ... Sans intérêt ..."

La sorcière enflammait les courriers joyeusement, sans même les lire.

"Anradat Orseis ... Ah enfin une lecture digne d'intérêt !"

Le visage de la thaumaturge resta souriant durant toute la lecture, même si l'on put observer des modifications dans ce sourire, il passa de la fierté à l'amusement pour finir sur une note ironique, métissée de mépris et de cruauté. Satisfaite des "bonnes" nouvelles qu'elle avait reçu, elle se mit en devoir de répondre immédiatement, tout en choisissant ses termes pour laisser transparaître humilité et servilité dans le contenu de ses mots. Quand elle fut contente de sa lettre, elle la cacheta et envoya son majordome la remettre à sa destinataire .

Spoiler:

Après avoir rencontré l'Anrad, la sorcière alla directement aux archive de la voir d'Eirène y noter quelques éléments que refusait d'oublier ... Un peu plus tard, alors qu'elle lisait un traité les premiers enfants d'Aion, elle reçu la visite de Taitene. Un sourire illumina son visage en voyant arriver l'Erenn des ombres de Néphilim. Ce sourire disparu bien vite, quand Taitene lui demanda de s'expliquer sur la raison qui l'avait poussée à sceller une tombe qu'il lui avait montrée deux jours plus tôt. La sorcière expliqua donc qu'elle avait scellé cette tombe pour en protéger le contenu ... Taitene lui dévoilà donc qu'il était au courant des projets avortés de Noxin. Loin de se départir de sa bonne conscience, la sorcière accusa alors les Ombres de Néphilim de l'avoir mise sous surveillance. C'est donc après une assez longue conversation plutôt houleuse et chargée de menaces, tant de la part de l'Erenn des ombres que de celle des érudits qu'un froid palpable s'installa entre les deux maisons. Les deux Erenns se séparèrent avec la juste courtoisie due à la politesse et la bonne éducation de Taitene et Szora. Elle regarda partir le père de son Adnae avec un regard lourd de colère. Une fois Taitene disparu, elle dégaina sa rapière empoisonnée et se rua sur le balcon, prête à embrocher l'imprudent qui s'y trouverait. Hélas, personne pour étancher sa rage. Elle rengaina et rentra dans son studio pour se mettre à écrire rageusement une lettre à l'Anrad, afin de l'informer de ses derniers décrets.

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Elle frappa rageusement le métal fondu encore brûlant de son poing fermé pour apposer son sceau qui s'imprima si profondément qu'il laissa sa marque jusque dans la texture même du parchemin, et sans même prendre la peine de rouler sa missive, la tendit à Gorunerk pour qu'il l'emporte à Velren. Le shugo qui maintenant connaissait par coeur les humeurs de sa maîtresse ne pipa mot et disparu plus qu'il ne se retira. La sorcière sortit dans la fraicheur de la nuit pernonienne et commença à lancer des boules de feu et des javelots de glace sur toutes les pauvres créatures nocturnes qui avaient le malheur de croiser sa route meurtrière ... Quand elle eu tué bon nombre de Kircas, Aukwis et même une douzaine de ses malandrins que l'on appelle des pickpockets, elle rentra se faire un thé bouillant qu'elle but d'une traite. Elle reprit alors sa lecture qu'elle avait abandonnée à l'arrivée de Taitene, à ceci près, que maintenant, une boule de lave flottait au dessus de sa main et que la sorcière épiait le moindre son suspect...