Carnets de route d'une sorcière

La sorcière reçut la réponse de l'Anrad et décida donc d'attendre quelques temps pour en savoir plus.

De son côté, le prêtre reçut le shugo avec surprise, lorsqu'il lut la lettre de Velren, l'histoire de Morheim lui revint en tête, il l'avait déjà presque oubliée, persuadé qu'il était que la sorcière ne tiendrait pas parole. Tout en lisant il hocha doucement la tête, appréciant que la daeva ait tenu parole et qu'une communauté ait prit soin de le contacter. C'est le coeur plus serein que jamais que ce soir là, il rendit grâce aux instances divine, se promettant d'aller voir à l'auberge de quoi il retournait.

(Comme expliqué in game, je n'ai pas le temps ce soir de m'occuper d'un recrutement RP, mais on s'organise ça aussi dès que tu es disponible et/ou dès que je le suis ^^)

Chapitre II

Le jour déclinait sur Pandaemonium, l'effervescence de la rue diminuait doucement, mais la sorcière pouvait à peine le percevoir occupée qu'elle était, à aller et venir entre les rayonnages du Temple du Savoir. Tout observateur aurait immédiatement compris que la jeune daeva était troublée. Le teint pâle de son visage laissait paraître des cernes bleutés qui en disaient long sur sa fatigue. Il y avait fort à parier qu'elle n'avait pas pris le moindre repos depuis un bon bout de temps déjà. Elle prenait un livre au hasard, feuilletait ses pages quelques instants puis reposait l'ouvrage en soupirant avant de passer à un autre volume.

*Bien sûr que non, je ne peux pas le faire ! Suis-je stupide au point de croire qu'on me fera assez confiance ?*

Torturée entre son désir de bien faire, sa volonté de servir et sa peur de se voir rejetée, elle cherchait, dans la lecture, le repos et la sérénité de l'âme qu'elle avait toujours su trouver jusqu'alors ... En vain. Ses pensées se bousculaient dans sa tête, revenant sans cesse la perturber, chaque nouvelle pensée s'opposait à la précédente et cela durait depuis plusieurs jours.

*Mais bien sûr qu'il faut que je le fasse ! Qui d'autre le fera à part moi ?*

Et voilà qu'elle ouvrait un nouveau livre, ses yeux s'écarquillèrent en lisant la page de garde : "Essai concernant la maîtrise des éléments par Eirène". La calligraphie était fine et ouvragée, la langue ancienne, le style ne tolérant aucune forme d'inexactitude, on lisait ici les débuts de la carrière d'une future grande sorcière. Szora avait un peu de mal à comprendre le texte tant la langue était, lui semblait-il, dénaturée. Il lui fallut un certain temps pour comprendre que non seulement ce qu'elle lisait était écrit dans un dialecte utilisé par les seuls sorciers, mais que les termes employés à mainte reprises était incontestablement élyséens. Que ce livre se trouve à la vue de tous était bien étrange, szora s’apprêtait à subtiliser le grimoire, puis elle se ravisa, en fait il ne s'agissait là que de l'essai d'une jeune sorcière, rien qui puisse relier Eirène aux Orseis Pyrae, probablement un essai écrit bien avant que l'idée de fonder l'Ordre ne vienne à l'esprit des quatre. Szora reposa le grimoire à sa place et son regard s'illumina.

*Voilà ! C'est lui ! C'est ce livre ! C'est le signe que j'attendais ! Eirène me fait savoir qu'elle approuve mon choix ...*

Enfin rassérénée, la sorcière, maintenant certaine d'avoir reçu un signe (bah quoi ? même une sorcière a le droit de rêver ^^) se dirigea d'un pas décidé vers le lutrin le plus proche, elle avisa une plume dont elle s'empara, la trempa dans l'encrier posé à côté puis, choisissant ses mots avec la plus grande diplomatie dont elle était capable, se mit à écrire :

Lettre cachetée:

Elle talqua la lettre pour absorber les excédents d'encre, souffla sur la poudre souillée puis se relut une dernière fois avant d'apposer son sceau. Enfin, Szora confia sa lettre à un shugo, lui promettant mille morts douloureuses si sa lettre n'arrivait pas à bon port dans les meilleurs délais ou si même le cachet était brisé, ce dont le shugo s'offusqua promptement, arguant que si ses services avaient manqué de sérieux, tout Atréia le saurait et qu'il serait ruiné. Enfin, se rendant compte de son extrême fatigue, elle invoqua un portail magique vers son appartement de Pernon pour aller y prendre quelque repos bien mérité.

L'Anrad Velren était allongée dans son lit quand son majordome l'interpella avec sa petite voix criarde.

-Un courrier! Un courrier pour l'Anrad!
-Par les Abysses... Qu'y a t'il encore?

Lettre:

Le devoir finit par l'emporter et elle endossa à nouveau sa charge tout en prenant un parchemin au sommet d'une des piles.
Le devoir n'attend pas.
Le devoir n'attend jamais.

Epuisée après cette longue journée riche en rebondissements, l'Erenn fraîchement intronisée regarda s'éloigner la jeune spiritualiste et son esprit du vent. Elle soupira en repensant à la conversation qu'elle venait d'avoir avec la Lame d'Adraste, toutes ces révélations laissaient présager un bien sombre avenir, mais Szora savait déjà qu'elle allait devoir avancer sur des oeufs. C'est donc lasse qu'elle rentra dans son appartement pour écrire son premier courrier officiel à l'attention de l'Anrad Velren.

Lettre:

La sorcière relut son courrier puis demanda à son majordome d'aller prestement jusque chez Velren livrer ce pli.

La plume termina sa course par un n délicat. Velren plia alors le parchemin avant d'apposer le sceau d'Orséis. Une voix masculine se mit à parler au même moment dans son dos.

-Si ce que tu dis est vrai...

Elle se leva du bureau et tendit le rouleau au Shugo qui le prit avec nervosité.

-... Alors aucun d'entre eux ne doit l'obtenir.
-Nerveux...

Elle se retourna vers son interlocuteur, haussant un sourcil perplexe.

-... "Anrad" Kris?

L'Anrad élyséen fusilla son homologue du regard.

-C'est dans notre intérêt qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains.
-Sans doute mais je ne comprends pas ton inquiétude. Nous avons une longueur d'avance sur eux.
-En effet, mais je ne suis pas rassuré. Nous n'avons que peu d'alliés et ce sont les plus ignorants.
-Nous avons appris à jouer selon les règles du jeu. Tu devrais savoir qu'il existe toujours une probabilité de perdre.
-Je ne resterai pas un siècle de plus enfermé dans ce corps! hurla t'il en se levant tout en tapant du poing sur son bureau, éparpillant ainsi la paperasse qui s'y trouvait.

Elle alla se rasseoir devant lui en soupirant.

-Rassure-toi, nous ferons tout ce qui est possible pour le récupérer. Après tout...

Elle le regarda alors dans les yeux.

-... Quel est l'intérêt de combattre un rival désavantagé?
-J'espère un jour que les Abysses t'engloutiront sans que j'ai à en payer le prix, répondit-il froidement. D'ailleurs, combien de temps comptes-tu rester ici?
-Le temps nécessaire pour qu'on puisse rassembler nos cartes et je ne peux le faire en restant physiquement à Asmodae.
-... Soit.

Lettre:

La sorcière s'installa confortablement dans son fauteuil pour prendre connaissance du message de l'Anrad. Elle parcourut les mots, le visage impassible, puis elle teint le papier dans sa main, ce dernier s'enflamma pour disparaître en cendres dans la brise. Szora se laissa aller dans le dossier molletonné en fermant les yeux, un léger sourire aux lèvres.

*Archivé ... Ainsi donc, j'ai carte blanche*

Pensa-t-elle, elle relut en pensée le fait qu'elle était la seule à se plier au protocole des rapports, ce qui ne l'étonna pas outre mesure, après tout, elle n'était pas même certaine que le hallebardier sache écrire ni que l'assassin soit assez loyal pour ne pas briguer lui même le poste suprême. Elle n'en avait que faire, de toutes façons, elle avait d'autres chats à fouetter pour le moment. Le dangereux Noxin d'un côté, l'intriguante Mielana de l'autre, voilà qu'elle était bien entourée, entre vipère et scorpion ... Elle ne doutait pas que l'une fut envoyée par son père pour garder un oeil sur la voie d'Eirène et que l'autre n'en ferait qu'à sa tête tant qu'il penserait ne pas pouvoir être pris sur le fait. Szora ne savait que penser de l'impétueuse Fëawel, elle semblait bien trop impulsive et entière pour être manipulatrice, mais n'était-ce pas là un masque astucieux ? La sorcière soupira et se leva pour se rendre au temple du savoir

*Rien d'inhabituel en somme, ma fille, il te faut faire comme toujours n'avoir confiance qu'en toi et toi seule ...*

Telle fut sa résolution, invoquant un portail magique pour la capitale, elle disparut sous les yeux éberlués de son majordome qui n'arrivait toujours pas à se faire aux allers et venues de sa maîtresse.

Le visage souriant, elle salua le garde en passant le portail de sa villégiature, quiconque la connaissant aurait pourtant vu son regard flamboyer, un aveugle aurait entendu son talon marteler rageusement le pavé ...
Elle monta quatre à quatre les escaliers, son majordome allait la saluer mais s’abstint de le faire en voyant le regard meurtrier de sa maîtresse, il s'effaça sans dire un mot, craignant ses foudres.
A peine seule dans la pièce, Szora se mit à hurler "Infecte, Traitresse ! Moi ? Petite garce, pour qui se prend-elle ? Laquais du Hallebardier ! Fille de joie !"
Elle faisait les cent pas dans son appartement quand soudain elle s'arrêta net, une flamme étincela dans son regard, sa moue devint sourire et le sourire se transforma lentement en un ignoble rictus cruel, au fur et à mesure que la sorcière peaufinait mentalement sa nouvelle trouvaille. Elle se dirigea vers son écritoire en marmonnant pour elle-même "Ah elle veut la guerre cette petite péronnelle désaxée et instable ? Elle ignore encore ce que signifie le mot guerre dans mon vocabulaire ! Elle ignore même qu'une guerre compte souvent bon nombre de victimes collatérales ..."
Ne trouvant ni encre ni plume sur son écritoire, elle se promit de tuer son majordome aussitôt sa tâche accomplie, ne voulant pas perdre de temps en recherches futiles, elle planta sa griffe dans sa propre paume et c'est avec son propre sang qu'elle commença à écrire.

Lettre de Sang:

Toujours folle de rage, elle cacheta la lettre, appela son majordome en vociférant et lui intima l'ordre de remettre la missive à Lakhsry en personne. Quand le majordome disparut par l'embrasure de la porte, la sorcière s'écroula sur son lit et s'endormit instantanément, plongée dans un sommeil peuplé de rêves atroces et sanglants.

(Ca y est, Szora pète les plombs ! xD)

Quand lakhsry reçu cette lettre il n'en crut pas ces yeux...elle osait le menacer? Elle se croyait supérieure c'est évident mais maintenant il sait que sa ortie manipulation dans le but de protèger noxin pourrais lui coûter très cher à cette sorcière.

Il donna un kinah au shugo effrayer et rédigé la lettre suivante ::

Erenn szora
La lame Feawel à effectivement manquer de resect à votre statut ainsi que vous même et sachez que des sanctions vont être prise

Sachez que je ne vous permet pas de critiquer ma manière de diriger,vous vous basée sur une simple exception et sachez que mes lame me sont fidèle et je vous ais déjà expliqué la raison de leur mutinerie et je ne permettrais pas de remmettre en compte l'avis d'un erenn fraîchement intronisé

Sachez également que j'ais mjt l'anrad au courant de nos plan et mes problème privé me vous regarde en aucun cas

Avez vous oubliez ela quoi sert cette accord ? C"est pour le bien d'orseis si vous le reniez c'est que vous ne voulez peut être pa le bien cette légion finalement

Votre respect du protocole vous honore et des sanctions vont êtes prise....et à se titre je parlerais à Velren de la manipulation dont j'ais été victime ainsi que Feawel,en effet je suis revenu sur mon jugement: il est intolérable que vous puissiez me manipulé de cette façon et cela aura des conséquences Quand a la lame je m'en occuperait soyez sans crainte

En bref: la lame Feawel sera sanctionné mais maintenant les doutesm'envahisse quand à votre fidélitenvers la légion

Nous parleront de tout cela en privé pour pouvoir en délibéré



Lakhsry confia la lettre à son shugo et en se couchant sur le lit il se demanda si...cette légion tournais bien rond...Feawel avait peut être raison...peut être que le cercle...

La sorcière, d'humeur maussade leva un oeil en entendant des pas se voulant discrets ... Lui envoyait on déjà un membre de l'Ombre pour la faire taire ? Non, ce n'était que cet incapable de majordome pas même foutu d'arroser correctement les trois malheureuses plantes qui tentaient vainement de rendre son appartement presque accueillant. Elle n'alluma pas la lumière, s'assit sur son lit et fixa la porte. Quand le shugo alluma la lumière, il faillit avoir une crise cardiaque en découvrant le masque de mort figé sur lui dans un rictus colérique. Il balbutia quelques excuses et tendit la lettre de l'Erenn Lakhsry à sa maîtresse. La sorcière reconnut immédiatement l'écriture approximative du guerrier, son visage se détendit. Elle aboya à son majordome un "Disparaissez !" qui bien que ne plaisant que peu à ce dernier, venait sans qu'il le sache de lui sauver la vie. La sorcière décacheta le pli et se mit en devoir de commencer à lire. Elle éclata de rire en s’apprêtant à la brûler puis elle se ravisa. Elle ne savait que trop combien cet homme, s'il se trouvait acculé, finirait par se défendre de façon déloyale, elle rangea donc cette lettre avec une autre reçue dernièrement, en décidant que désormais elle tiendrait des archives de ses correspondances, juste par sécurité ... C'est souriante, qu'elle se rendormit d'un sommeil serein et réparateur peuplé de rêves où les imbéciles étaient empalés le long d'une allée interminable menant à un luxueux palais, son palais, phare de la connaissance de son monde onirique.

Après s'être rendue à la convocation L'Erenn Lakhsry, à la fin d'une altercation chargée de peu d'aménité, elle sortit en claquant la porte. A peine sortie, elle jeta un regard vers une ombre tremblante, d'un simple signe de la main, elle congédia l'ombre puis rentra tranquillement chez elle. Arrivée dans son appartement, elle appela son domestique ...

Alors Machinerk ...
Gorunerk, Madame ...
Je me fiche de savoir ton nom du moment que tu rappliques quand je te siffle ! As-tu bien noté tout ce que tu as entendu ?
J'ai fait comme vous l'aviez demandé, Madame.
Il est possible qu'après tout tu sois moins inutile qu'il semblerait ...

La sorcière arracha les notes tenues à bout de bras par le shugo, les relut pour vérifier que tout y était, sourit, satisfaite, puis les rangea avec les courriers de ce qu'elle appelait désormais intérieurement "Opération Hallebarde".

Gorutruc ?
Gorunerk, Madame.
Tu me rappelles encore une seule fois ton nom, misérable créature et je te fais bouffer ton acte de naissance !
Bien Madame.
Va me trouver le sombre mage et dis lui que je désire le voir.
Le ... le ... Noxin, Madame ?
Oui, crétin, je ne te demande pas de me ramener un Tayga en tutu ! Quand tu le lui auras dit, prend ton congé, cela fait plus d'un mois que tu te traînes ici, prends des vacances, ça m'en fera aussi ... Au moins trois jours !

Le shugo glapit mais n'osa pas demander confirmation de son congé, trop heureux de pouvoir enfin prendre ses distances avec cette folle furieuse, il alla aussi vite qu'il put à la recherche du sombre mage.

Cette nuit là, la sorcière eut un sommeil agité, si quelqu'un avait partagé sa couche il aurait pu l'entendre geindre :

"Haïe ... Maudite ... Condamnée ... Pas ma place ... Bannie ..."

C'est hagarde et l'esprit embrumé qu'elle s'éveilla, il manquait quelque chose à sa vie mais quoi ?

[to be continued]

(tou bi continuède ! )

Il lui fallait absolument savoir où elle allait. Malheureusement elle n'avait pas le pouvoir de lire l'avenir ... L'avenir ? Mais oui ! Elle était là sa solution ! Sous son nez depuis même avant son ascension ! Son vieil ami et allié qui dans sa prison de cristal n'en avait pas moins gardé sa puissance. Szora se dirigea au plus vite vers Ishalgen et alla voir Munin. Malgré le prix de coûteux efforts, celui-ci ne parvint pas à voir l'avenir de la sorcière mais il put lui confier que rien n'était gravé dans le marbre, une seule chose était certaine, elle connaîtrait son destin seulement par le biais de la confrontation car celui qui fuit son destin ne fait que l'aggraver ...
Forte de ce savoir, Szora rentra à Pandaemonium plus décidée que jamais à en découdre une bonne fois pour toutes. Arrivée à la capitale, elle se dirigea directement dans l'endroit où elle se sentait le plus en sécurité, la bibliothèque secrète du temple du savoir. De là, elle écrivit un billet, un simple billet sans fioritures, sans cérémoniels, sans même la moindre salutation. L'heure était venue pour elle et les autres de remettre les pendules à l'heure...

Le billet était à peu près formulé de la façon suivante :

Citation :

Anrad Velren,
Ai besoin de votre arbitrage dans le différent qui m'oppose à la maison Adraste, en présence de l'Erenn et sa première Lame. Merci de bien vouloir organiser la rencontre.
Szora.

Elle chargea un messager discret du pli dépourvu du moindre cachet et se plongea dans la lecture de grimoires anciens en attendant son heure.

L'Anrad Velren était de retour à Asmodae depuis quelques jours. Son absence avait, visiblement, laissé sa marque dans les rangs de la Légion car elle enchaîna entretien sur entretien. Certains demandèrent simplement de tenir son rôle d'Anrad, d'autres réveillèrent par contre un passé qu'elle souhaitait oublier.

Pourquoi ne m'as tu rien dit?

Elle se souvenait de l'air choqué de l'Erenn Lakhsry. Quelle ironie... Elle pensait pourtant avoir évincé tous les témoins et brûlé toutes les archives. Au moins, il ne savait pas le point le plus important, c'était l'essentiel. Les quelques révélations qu'il avait eu ne serait rien comparé à la véritable cause de sa déchéance.

Sa plume trancha une ligne noire, nette sur la surface tendre du parchemin, ruinant la lettre qu'elle était sensée rédiger. C'est à ce moment précis que son majordome vint jusqu'à elle pour lui tendre le billet de l'Erenn Szora.

Hm...?

Elle le prit et le déplia tout en calant son dos au dossier du fauteuil et en croisant les jambes, une main sur l'accoudoir. Voilà qui était inhabituel de la part de l'Erenn Szora. Le style, l'écriture, tout laissait transparaître les sentiments de l'érudite et l'impatience de cette dernière. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire ironique en coin.

Pas même un "Très chère Anrad Velren"?

Néanmoins, son sérieux revint bien assez vite. Tant de bruits pour une telle absurdité, effectivement, il était temps qu'elle reprenne la situation en main. Elle délaissa donc la lettre précédente et prit un nouveau parchemin.

Lettre:

Elle roula aussi le parchemin avant de le cacheter et de le confier à son majordome qui s'empressa de quitter les lieux.

Un tas de livres empilés et ouverts, au milieu des livres ouverts, une sorcière assoupie, les traits crispés, elle rêve visiblement et ses rêves ne sont pas agréables. Le messager s'approche de la sorcière et la secoue doucement par l'épaule ...

"Meurs, traitresse !" Hurle la sorcière, se réveillant en sursaut. Reprenant ses esprits, elle s'aperçoit qu'elle tient un shugo par la gorge, plaqué au mur et suffoquant, l'autre main de la sorcière enflammée et levée au dessus de la tête de sa victime ... Szora comprend immédiatement la situation, dissipe son sortilège mortel et s'excuse auprès du messager qui lui tend le billet de L'anrad en tremblant. La magicienne remercie le messager et le congédie.

*Hum, voilà que j'incante mes sorts de façon spontanée et en dormant ... Dangereux, intéressant mais dangereux, je vais devoir apprendre à mieux me contrôler, ce shugo a eu de la chance, pour un peu il était transformé en un tas de cendres ... Et le message aussi, ce qui eut été plus fâcheux ... Ah oui le message !*

Szora déroule le parchemin, voit une date et reconnaît immédiatement l'écriture de l'Anrad.

*Et bien au moins elle reprend du service, ce n'est pas trop tôt ...*

Songe-t-elle en élevant le parchemin au niveau de ses yeux avec une variante du sortilège de prise d'ether. Satisfaite de sa maîtrise retrouvée, elle lit le message. Elle commence par sourire puis son sourire s'efface, elle sent la colère l'envahir de nouveau.

*Si les deux partis l'acceptent ? Il ne manquerait plus que le hallebardier et sa catin essaient d'esquiver leur devoir ! Personne donc dans cette légion ne respecte aucun protocole, aucune dignité, aucune forme de discipline ? Me serais-je à ce point laissée séduire par les airs de sagesse de l'Anrad ?*

Elle soupire de dépit, se demandant déjà comment réagir si les disciples d'Adraste se défilaient ... Elle n'avait pas pensé à cette éventualité et se maudit d'avoir laissé passer cela, elle compte toutefois sur le sens de l'honneur exacerbé de l'Erenn, pour venir à l'affrontement ... Sinon il lui faudra surveiller ses arrières jusqu'à ce que ...

Quelques heures plus tard, Szora reçut l'érudit Noxin au coeur même du Temple du Savoir, le début de la rencontre lui avait semblé être un répit dans le chaos qui régnait autour d'elle ces derniers jours. Malheureusement le mage semblait en avoir décidé autrement, de façon à peine voilée il faisait des remontrances à son Erenn en défendant la cause d'Adraste ... Etait-elle donc vouée à être incomprise, dupée et trahie ? Devait-elle donc plier devant l'injustice et la stupidité omniprésentes ? Accepterait-elle un tel traitement permanent ? Elle commençait à regretter ses longues années de solitude.
La sorcière était complètement désemparée, en regardant son disciple rénégat repartir après avoir distillé son venin. Cependant, elle sourit en se rappelant une question que lui avait posée cette Lame ... "Voudriez-vous donc devenir Nécromancienne ?" Szora leva une main sous ses yeux et un crâne se mit à flamboyer dans les airs devant elle ...

*Si tu savais dangereux "ami", si tu savais ...*

Sans même y penser elle fit disparaître la sinistre apparition et se concentra à nouveau sur son avenir immédiat ... Plier devant la Hallebarde, elle s'y refusait, jeter genou en terre pour satisfaire l'orgueil démesuré de la seule vraie traitresse de l'ordre, elle s'y refusait encore plus. Non elle ne plierai pas, pas encore, elle n'était pas prête à le faire, elle l'emporterai d'une façon ou d'une autre ... Elle eut préféré que ce soit par la voie diplomatique, celle qui permettrait à chacun de sauver la face mais elle doutait qu'il en irait de même dans tous les esprits ... A moins que ... Non il ne fallait pas trop y croire ... Et ce Noxin, pourquoi tout à coup retournait-il sa veste pour devenir fervent défenseur d'Adraste ? En fait plus elle y songeait plus en elle s'insinuait l'idée que depuis le début le sombre mage l'avait manipulée elle ... Diviser pour mieux régner ... Cela ressemblait bien au sombre mage ...

*Tu veux régner vieux fou ? Tu t'es opposé à ton Erenn au profit même de ceux qui projetaient de te tuer ? Ainsi donc, comme les autres ta loyauté va au gré du vent ? Et bien soit ... Il se pourrait bien que tu règnes plus tôt que tu ne le crois mais alors ... Seras-tu prêt ? ... Seront-ils tous prêts ? ... Ma loyauté envers l'Ordre passe après ma loyauté envers moi-même ...*

Ainsi étaient les pensées de la sorcière, tandis qu'elle emballait ses affaires soigneusement.

Ce soir là, Szora reçut la visite de l'étrange cléricale Manakelle. Szora pensait en avoir enfin fini avec les multiples affaires concernant la Lame Noxin, et voilà qu'un nouveau scandale faisait surface. La sorcière était sur le point de bouter le feu à son propre appartement tant elle se maudissait d'avoir accordé sa protection à ce mage, elle regrettait amèrement de ne pas l'avoir tué lors de leur première rencontre à Ishalgen quand il n'était alors pas encore un Orseis. On le lui aurait probablement reproché mais pas de la façon dont on lui faisait payer aujourd'hui sa loyauté envers l'ordre. Mais qui croire ? L'étrange Manakelle qui immédiatement après avoir été remerciée pour ne pas avoir ébruité l'affaire s'était ruée chez l'Anrad pour vider son sac ? Une chose était certaine, celle là au moins venait de se fermer définitivement la porte de la voie d'Eirène ... du moins tant que la sorcière y siègerait ... Ce qui pourrait bien ne plus durer très longtemps au vu de la façon dont cette horde de fous passaient leur temps à se trahir les uns les autres. Et que penser de l'Erenn Lakhsry qui prétendait vouloir faire table rase des ennuis récents, mais qui d'un autre côté soutenait sa Lame. Lui qui fanfaronnait qu'il était temps que les Orseis comprennent que l'ennemi n'était pas dans leurs rangs mais qui complotait contre elle dès qu'il en avait le loisir ... Ce qui amenait sa seconde certitude, elle ne pouvait se fier à personne tant ils avaient tous propension à briser les paroles privées. La sorcière ne pouvait comprendre une telle façon de faire, pas plus que Noxin prenant la défense des Adrastes qui l'avaient menacé de mort, contre elle-même qui avait pris sa défense. Cette fois s'en était trop, la sorcière avait pris sa décision, elle enquêterait pour laver son honneur puis elle renierait la voie d'Eirène au profit de l'imbécile prêt à prendre la relève. Sans oublier ces Anrads qui sous couvert de sagesse ne reculaient pas devant le mensonge par omission ... Elle savait maintenant pourquoi il n'y avait aucun Erenn chez Pyrae, devenir Erenn signifiait une mort rapide et ce probablement de la part même des autres Erenn. Elle ferait bonne figure en attendant de trouver qui de Noxin ou Manakelle était en cause, puis elle ferait en sorte que le coupable soit puni et enfin elle se répudierait elle-même. Quelques temps passés à son poste à subir les traitrises de toutes parts avait réduit à néant le peu de confiance qu'elle avant encore envers les siens, désormais une seule personne comptait : Elle-même.

*Ils entendront ce qu'ils voudront entendre, ils penseront m'avoir matée comme ils le souhaitent, mais tôt ou tard, ils paieront leur félonie ....*

Telles était les résolutions qu'elle prenait. Elle soupira, ayant finalement retrouvé un minimum de sérénité, maintenant que ses décisions étaient prises, elle brûla sa cape et son uniforme pour celler ce pacte avec elle-même.

*C'est bien ma fille, lave ton honneur et fais ta route loin de cette bande d'imbéciles, tu as plus à perdre qu'à gagner à vouloir les aider, laisse les pourrir dans la fange dont ils sont issus*

Et puis après tout ... Pourquoi devrait-elle laver son honneur, elle savait qu'elle n'avait rien à se reprocher d'autre que de n'avoir pas compris à temps dans quel guêpier elle s'était fourrée ni dans quel nid de serpents elle avait mis les pieds. C'est ainsi qu'elle prit sa plume et griffonna grossièrement :

Citation :

Anrad Velren,
L'entrevue avec les Adraste s'avère finalement inutile, rien de bon ne pourrait en ressortir sinon quelque autres mensonges et menaces. J'aimerais toutefois vous rencontrer afin de vous remettre en mains propres ma démission, en effet, ma dernière action d'Erenn de la voie d'Eirène sera de me répudier moi-même pour incompétence au poste d'Erenn. Je reste à votre disposition, le document de ma rédition est dors et déjà rédigé, mais c'est les yeux dans les yeux que je tiens à vous le remettre, la tête haute et ma conscience pour moi.
Szora.

Szora alla elle-même glisser cette lettre dans la boite aux lettres de Velren et s'envola pour Beluslan où elle comptait bien se défouler en faisant un carnage sur tout ce qui bougeait, hommes, bêtes et esprits.

Signé.
Signé.
Dans la pile des "Non recevable".
Signé.

Velren était submergée par le retard qu'elle avait pris dans la paperasse administrative quand son majordome lui tendit un mince billet. Une pause bienvenue devant un travail qui semblait sans fin. Quand elle le déplia, elle ne fut pas réellement surprise de son contenu mais un mélange de déception et de tristesse la prit. Elle se souvint alors des paroles de l'Anrad Kris qui n'allait pas finir de lui rabattre les oreilles quand il apprendrait la nouvelle.

Tu devrais te méfier de ce genre de candidat. Ses paroles sont un peu trop semblables à mon goût à celles de Jini et tu sais comment ça s'est terminé.

Avait-elle donc eu tort de la laisser endosser ce rôle? Ou pire encore, était-ce une erreur d'avoir repris l'ancienne hiérarchie?

Avoir le potentiel ne suffit pas, il faut encore que les candidats survivent à l'épreuve du feu. Ceux qui, comme Jini ou Szora, n'ont jamais vécu ce type d'expérience, ont davantage de chances de succomber plutôt que de se relever. A l'inverse, quelqu'un qui est déjà passé par ce genre de rôle saura en toute logique à quoi s'attendre.

Elle reposa le billet sur le bureau, perplexe. Elle répugnait au fond d'admettre qu'elle avait eu tort, encore plus face à son ancien rival. Toutefois, elle savait que ce genre de questionnement était nécessaire pour aller de l'avant.

Nous ne pouvons plus nous permettre de jouer aux dés.

Elle se promit secrètement de faire plus attention aux prochaines candidatures. Néanmoins, ce n'était pas comme si elle ne pouvait pas comprendre l'Erenn. Quand on est au pouvoir, il faut savoir composer avec la haine, le mensonge et les coups bas. C'est dans cet environnement que l'Anrad avait grandi. Cependant, cette expérience lui avait appris aussi quelque chose d'important et elle comptait bien en parler avec Szora.

Elle n'avait pas réellement d'espoir que son message fasse son effet mais ce serait mieux que de ne rien faire. Toutefois, comme elle n'avait pas beaucoup fréquenté Szora, elle ignorait encore que ce billet n'était pas une simple annonce de démission et qu'elle se préparait donc à un entretien dont les enjeux seraient, au final, bien différents.

Quant à l'affaire en question, elle se promit d'aller voir à part Lakhsry. Cela faisait déjà deux fois qu'il troublait l'ordre au sein de la Légion, à la fois chez les Pyrae et à la fois chez les Orséis. Comment quelqu'un pouvait être autant capable de semer le chaos en si peu de temps et surtout en touchant autant de personnes à la fois? Où étaient les changements qu'il lui avait promis? Jusqu'ici, elle avait été clémente mais, Erenn ou pas, elle ne tolérerait plus ses exactions.

Sa résolution renouvelée, elle prit un nouveau parchemin.

Lettre:

Elle le confia ensuite à son majordome qui s'empressa d'aller voir ses collègues du Shugo Express.

Malgré tout, la sorcière ne pouvait se résoudre à quitter son poste sans connaître le fin mot de l'histoire, ne serait-ce que pour sa propre édification. Aussi chercha-t-elle comment voir la part de vérité, comment voir l'invisible ... Etrangement, chaque fois qu'elle songeait à voir l'invisible, une silhouette lui apparaissait en pensée. Il fallut quelques temps à Szora pour reconnaître la silhouette encapuchonnée de ses pensées mais elle finit par s'en souvenir, il s'agissait de Tiannat, Adnae des ombres de Nephilim. Mais pourquoi diable cette Adnae lui revenait sans cesse à l'esprit ? La sorcière se souvint que l'Adnae était aveugle, pourtant ... Pourtant elle l'avait vue combattre et faire mouche à chacun de ses tirs ... Ce pourrait-il que ... ? Szora convia donc l'Adnae à une discution durant laquelle, elle n'alla pas par quatre chemins et demanda simplement à l'Adnae le secret de son efficacité. La réponse de Tiannat confirma à l'Erenn des érudits que sa prémonition était fondée, l'étrange Adnae avait développé un don pour compenser se cécité, ce que ses yeux ne voyaient pas, son esprit le sentait plus sûrement encore que ne l'aurait fait la vue ... Szora demanda donc à l'Adnae de lui venir en aide en "observant" un débat et en se concentrant sur les protagonistes afin de "voir" les fluctuations énergétiques entourant les personnes présentes. L'Adnae, bien que parfaitement en droit de s'y refuser, accepta d'aider l'Erenn, au grand soulagement de celle-ci.
Après que les deux sorcières se soient séparées, L'Anrad Velren convoqua Szora pour parler de leur dernier échange épistolaire. Avec douceur, patience et sagesse, l'Anrad réussit à calmer la sorcière et même à presque la faire revenir sur sa décision. Szora n'étant pourtant pas des plus influençables finit par conclure une sorte de pacte avec l'Anrad, si la Lame Noxin se voyait confondu dans sa culpabilité, alors l'Erren Szora, pourrait s'estimer avoir failli dans sa charge et remettre sa démission.
Immédiatement après cela, Velren convoqua donc Noxin, Manakelle et Tiannat chez elle. Les quatre femmes et le non-mort se rejoignirent donc dans les appartements de l'Anrad. Afin que personne ne puisse accuser Szora d'avoir "manipulé" la scéance, ce fut l'Anrad qui mena l'interrogatoire sous la surveillance attentive de Tiannat. Les débats révélèrent en fait que Noxin et Manakelle étaient tout autant responsables l'un que l'autre, que probablement Noxin était allé trop loin dans son machiavélisme, mais que très certainement, Manakelle avait volontairement omis certains détails capitaux dans la narration de sa mésaventure. Il fut donc décidé par l'Anrad qu'aucun des deux ne devait être condamné, Szora ne voyant pas cela du même oeil et se jeta sur son disciple dont elle plaqua la main sur la table, prit le couteau que lui prêta aimablement Tiannat (bourrique de balaur t'aurais bien aimé hein que je lui coupe le doigt ^^) et menaça le non-mort de lui trancher le doigt à son tour afin de lui montrer ce qu'il avait fait ... Noxin n'en eu que faire, insensible à la douleur qu'il était. Bien sûr Szora le savait et c'est donc à la surprise de tous qu'elle mit en jeu l'une des dernières choses qui restent à Noxin, sa parole ... En effet, se tailladant elle-même la main, elle fit jurer à Noxin que son sang était le dernier sang Orseis qui coulerait par sa faute. Noxin jura et fut autorisé à repartir sans autre forme de sanction. Quant à Manakelle, il lui fut vertement conseillé de revoir son sens de la curiosité ... Elle n'avait en fait gagné qu'une chose, dévoiler en partie sa personnalité étrange et par là même s'attirer les doutes de ses pairs. Tiannat fut chaudement remerciée pour sa participation à cette séance de laquelle, enfin éclata la lumière de la vérité. Szora, incapable de revenir sur la parole donnée à Velren promit qu'à l'avenir elle serait plus prudente et encore plus stricte dans sa fonction ...

C'est ainsi que se passèrent les évènements, c'est ainsi qu'ils furent vécus par Orseis. Que chacun entende cette narration et en comprenne la morale. Qui porte atteinte à Orseis-Pyrae se verra démasqué par Orseis-Pyrae, qui se voit démasqué par la Légion recevra de la Légion le salaire juste et impartial de ses actes. Nul n'a à craindre la justice quand elle est rendue sans haine. Et c'est dans la coopération du plus grand nombre qu'Orseis-Pyrae pourra prospérer vers la paix et la réunification à laquelle elle aspire ...

Chapitre III (Après la pluie ...)

L'éclaircie s'ouvrait enfin dans le ciel de la Sorcière. Non seulement l'affaire du doigt coupé était résolue, mais en plus, les autres noirs nuages semblaient aussi s'éloigner. La Lame d'Adraste faisait des efforts considérables pour ne plus froisser Szora et celle-ci, bien que se refusant à le remarquer publiquement ne perdait pas une occasion pour dire à l'Erenn Lakhsry combien il pouvait être fier des progrès de sa subalterne. De plus, Mielana, la fille de Taitene était enfin revenue de sa mission, mission qu'elle avait accomplie avec brio, créer une potion qui puisse aider l'Erenn Lakhsry à récupérer de sa fatigue. L'érudit Mielana revenait à point nommé, juste au bon moment pour permettre à Szora d'enfin signer une sorte d'accord de paix avec son homologue d'Adraste. Les deux Erenn se rencontrèrent et, à la grande surprise de la sorcière, le guerrier lui apporta un magnifique grimoire magique dont les pages étaient blanches mais qui avaient la particularité d'être infinies. Szora aurait tout loisir à l'avenir grâce à ce précieux présent d'étendre ses formules et donc ses pouvoirs à volonté. Lakhsry ne fut pas moins surpris de recevoir des mains de la magicienne la fameuse potion, tout aussi surpris d'ailleurs d'apprendre que Szora avait effectivement envoyé l'une de ses meilleures Lames s'occuper de cette potion, peut-être en avait-il douté, peut-être avait il songé que c'était une simple ruse de la manipulatrice, peut-être l'avait il simplement oublié, aveuglé par la colère qu'il avait nourrit à l'égard de Szora ces dernièrs temps, nul ne le saura jamais. Mais ce qu'ignorait l'Erenn de la voie des Adraste c'est que lors de cette rencontre il fit un présent plus précieux encore à Szora. En effet, il offrit à celle-ci l'occasion de permettre à Noxin de racheter ses fautes et peut-être même de recouvrer la confiance de ses pairs, rien n'aurait pu faire plus plaisir à la sorcière qui sauta sur l'occasion pour missionner le dit Noxin immédiatement. C'est donc sur de nouvelles base plus apaisées que jamais que les deux Erenn se séparèrent.
Un autre évènement des plus heureux fut à l'ordre du jour en cette période bénie d'Aion, le grand retour de l'Erenn Taitene. Le trium virat était enfin recomposé, la sorcière s'en fut l'entretenir aussitôt qu'il put la recevoir, afin de l'informer des troubles que la légion avait vécus en son absence, mais aussi et surtout pour féliciter l'Erenn de la qualité et la serviabilité de son Adnae, la thaumaturge ne manqua pas de dire aussi au guerrier de l'ombre combien elle était fière de sa fille et combien celle-ci la comblait de satisfaction. Enfin, point d'orgue de cette magnifique journée, Szora put rencontrer Hinae, une jeune Orseis prometteuse. Celle-ci avait une voix monocorde et dépourvue d'émotions, ne pouvait mentir, ce qui en soit pouvait être un atout, utilisé entre les mains de la sorcière, et mieux que tout se passionnait pour la connaissance. C'est donc lors de cette prise de contact des plus courtoises, où Hinae s'empiffra de gâteau et de thé, que Szora décida de la prendre sous son aile. Enfin, rentrant chez elle épuisée mais plus sereine qu'elle ne l'avait été depuis fort longtemps, l'Erenn de la voie d'Eirène trouva son majordome, lui aussi reposé ... Il fut extrêmement surpris d'entendre sa maîtresse arriver, le pas léger, lui lancer :"Bonsoir Gorunerk je vois que vous êtes de retour de congé, j'espère qu'il vous a été profitable" Le pauvre shugo remercia la sorcière tout en se demandant s'il ne s'était pas trompé d'appartement ... Sa maîtresse le saluait, le vouvoyait et même savait son nom, il déglutit se demandant où était le piège dans cette soudaine amabilité, ce qui lui vaudrait une nuit blanche ...
La sorcière s'assit à son bureau, tira une feuille de son nouveau grimoire et comme l'Adraste le lui avait promis, la page repoussa immédiatement après avoir été extraite, décidément, ce guerrier était plein de surprises. Szora sortit une plume et trouva de l'encre dans son tiroir, et, de sa plus belle écriture, se mit à rédiger une lettre à l'attention de l'Anrad Velren.

Lettre à Velren:

Amusée par son propre Post Scriptum qui ne manquerait pas de titiller la curiosité de l'Anrad, Szora roula soigneusement sa lettre et se dirigea vers la sortie de son appartement. Gorunerk tendit la main espérant que sa maîtresse ne l'enverrait pas à l'autre bout du monde et fut abasourdi par ce qu'il entendit : "Merci Gorunerk, vous pouvez aller vous reposer, la soirée est belle et j'ai besoin de prendre l'air, j'irai donc moi même déposer cette lettre chez son destinataire". Le shugo se pinça pour vérifier qu'il ne rêvait pas et vit la sorcière poser la main sur l'orbe de voisinage, murmurer quelque incantation et disparaître.